Adoptée par la 229ème session du Conseil de l’AMM, Montevideo, Uruguay, avril 2025

PRÉAMBULE

Partout dans le monde, les soins de santé sont menacés. Les financements qui ont permis d’améliorer la santé en garantissant la disponibilité des vaccins, des médicaments et des professionnels de la santé sont en train d’être réduits, voire complètement supprimés. Cela crée un risque sanitaire énorme, non seulement pour ceux et celles qui ne peuvent pas en assumer les coûts par leurs propres moyens, mais également parce que la propagation de maladies transmissibles telles que le VIH, la tuberculose et le paludisme s’en trouve accrue, exposant ainsi toute la population à un risque. À cela s’ajoute la menace que représentent les conflits armés.

L’AMM appelle les dirigeants du monde à rétablir de concert le financement des soins de santé de base. Si le monde reste les bras croisés, nous allons être confrontés à une forte augmentation des maladies et des décès.

Des pays comme les États-Unis ont fait des efforts considérables au cours des dernières décennies. Aujourd’hui, c’est l’ensemble des nations qui doit contribuer à sauver notre système de santé de base pour ceux et celles qui en ont besoin. 

RECOMMANDATION

L’Association médicale mondiale demande instamment aux dirigeants du monde de contribuer ensemble au financement des structures de santé publique susceptibles d’améliorer la santé en fournissant des vaccins, des médicaments et des professionnels de la santé et, ce faisant, d’aider à prévenir les risques de propagation des maladies transmissibles telles que le VIH, la tuberculose et le paludisme, qui constituent un risque pour tous. Les nations doivent contribuer de concert à sauver les systèmes de soins de santé de base pour les personnes dans le besoin.

Adoptée par la 170e Session du Conseil de l’AMM à Divonne les Bains, France, 15 Mai 2005
et révisée par la 67ème Assemblée Générale de l’AMM, Taipei, Taiwan, Octobre 2016

et réaffirmée avec des révisions mineures par la 218ème session du Conseil (en ligne), Londres, Royaume-Uni, Octobre 2021

L’Association Médicale Mondiale :

  1. reconnaît le rôle essentiel des professionnels de la santé dans la lutte antitabac et exhorte ses membres constituants et les autres représentants de la communauté médicale à utiliser la Journée mondiale sans tabac chaque année pour plaider en faveur de mesures de lutte antitabac ; 
  2. reconnaît l’importance de la Convention-cadre de l’OMS sur la lutte antitabac (CCLAT) en tant que mécanisme de protection des populations contre l’exposition et la dépendance au tabac ; 
  3. encourage les États membres de la Convention à reconnaître (ratifier, accepter, approuver, confirmer ou y adhérer) le Protocole pour éliminer le commerce illicite des produits du tabac ; 
  4. encourage ses membres constituants à travailler assidûment et énergiquement afin que leurs gouvernements mettent en place les mesures énoncées dans la CCLAT, au minimum ; 
  5. conformément à sa prise de position sur les cigarettes électroniques et autres systèmes d’administration électronique de nicotine, appelle les États membres à intégrer les cigarettes électroniques et les autres systèmes électroniques délivrant de la nicotine au champ d’application de la Convention-cadre de l’OMS et à assurer que ces produits sont soumis à autorisation administrative des autorités locales et aux mesures de lutte antitabac ; 
  6. exhorte les gouvernements à instaurer des règlementations et d’autres mesures de lutte antitabac décrites dans la CCLAT, y compris des règlementations contre les produits du tabac qui ne génèrent pas de fumée. Les gouvernements devraient interdire de fumer et de vapoter dans les lieux publics et sur les lieux de travail, une mesure urgente de santé publique et envisager des mesures supplémentaires, notamment les mesures de lutte contre le tabac qui se sont avérées efficaces dans d’autres pays ; 
  7. exhorte les gouvernements à adopter des mesures qui entravent l’identification de la marque, notamment le paquet neutre de cigarettes et des autres produits à fumer, comme elle le préconise dans sa résolution sur l’emballage neutre des cigarettes, cigarettes électroniques et autres produits destinés aux fumeurs; 
  8. encourage vivement les gouvernements à établir une méthode particulière afin de garantir le financement adéquat de la recherche et de la lutte contre le tabac ; 
  9. exhorte les gouvernements à favoriser l’accès de tous les fumeurs, dont les enfants, aux conseils et services d’aide à l’arrêt du tabac ; 
  10. reconnaît le rôle essentiel des professionnels de santé dans l’éducation à la santé publique et dans la promotion de l’arrêt du tabac ; 
  11. combat les tactiques de marketing prédatrices de l’industrie du tabac en adoptant des interdictions complètes de publicité, de promotion et de sponsoring, comme il est préconisé dans la CCLAT de l’OMS, afin de protéger la santé individuelle et collective ; 
  12. contribue aux améliorations et mise à jour éventuelles des règlementations internationales de lutte contre le tabac. 

Adoptée par la 200e Session du Conseil de l’AMM à Oslo, Avril 2015,
Et adoptée avec amendements par la 72e Assemblée générale de l’AMM (en ligne), Londres, Royaume-Uni, Octobre 2021

 

PRÉAMBULE

Les accords commerciaux sont des traités conclus entre deux pays ou plus comportant des dispositions relatives au commerce de biens et/ou de services. Les accords commerciaux sont des outils de la mondialisation et visent généralement à favoriser la richesse par la dérégulation des échanges commerciaux. Ils peuvent avoir des effets considérables sur les déterminants sociaux, commerciaux, politiques et écologiques de la santé, ainsi que sur la prestation de soins de santé. 

Le commerce international contribue de manière significative à accroître la richesse nationale, ce qui est un facteur essentiel de l’établissement de systèmes de santé robustes.  

Bien que les accords commerciaux visent à produire des profits financiers et de la richesse, il est essentiel de tenir compte de leurs conséquences sur la santé publique.  

Les négociations devraient prendre en considération leurs conséquences au sens large pour assurer que le droit à la santé et le droit à un environnement naturel et social sain demeurent au cœur des préoccupations. Les accords commerciaux devraient avoir pour objectif de contribuer à la richesse mondiale et à l’équité. 

Les accords commerciaux peuvent promouvoir la santé et le bien-être de tous à condition qu’ils soient bien conçus et qu’ils visent à protéger la santé et préserver la capacité des gouvernements à légiférer, règlementer et planifier la promotion de la santé, la prestation de soins et l’équité en matière de santé. 

Les récentes négociations commerciales ont cherché à établir une nouvelle structure de gouvernance mondiale pour le commerce. Leur dimension, leur portée et leur opacité sont sans précédent. Le manque de transparence et le partage sélectif des informations entre un nombre limité de parties intéressées sont anti-démocratiques. 

L’importance du partage de l’innovation en santé publique doit être reconnue. Cela est particulièrement vrai en période d’urgence sanitaire. L’accès aux médicaments et aux fournitures médicales est essentiel pour remédier aux grandes crises de santé publique comme les pandémies. 

Le règlement des différends entre investisseurs et États (RDIE) procure aux investisseurs un mécanisme qui leur permet de porter plainte contre les gouvernements et de demander à être indemnisés. Ce système fonctionne en dehors des systèmes existants de responsabilité et de transparence. Le RDIE dans des accords commerciaux actuels a servi à remettre en cause des lois de santé publique fondées sur des preuves, dont celles sur le paquet neutre de cigarettes. Un tel mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États à grande échelle pourrait menacer les actions de santé publique fondées sur des preuves et mises au point pour lutter contre le tabac et l’alcool, pour règlementer les aliments et les boissons obésogènes, l’accès aux médicaments, aux services de santé, les protections contre les effets des changements climatiques et les mesures de préservation de l’environnement, de la santé environnementale et de la santé au travail. Jusqu’à présent, les efforts de l’industrie pour mettre en échec les législations et les règlementations nationales de santé publique ont ciblé les nations dont les ressources juridiques sont limitées et les populations les plus vulnérables du monde [2]. 

L’accès à des médicaments abordables est crucial pour combattre le fléau mondial des maladies transmissibles et non transmissibles. L’accord de l’Organisation mondiale du commerce sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) a établi une série de règles internationales communes régissant la protection de la propriété intellectuelle, dont le dépôt de brevet sur les produits pharmaceutiques. Les garde-fous des ADPIC et les dérogations à ces dispositions, comme la licence obligatoire, visent à assurer que la protection des brevets ne supplante pas la santé publique [1]. 

La prise de position de l’AMM sur le dépôt de brevet pour les procédures médicales proclame que le dépôt de brevet pour des techniques de diagnostic, de traitement et de chirurgie est contraire à l’éthique et « menace sérieusement la pratique efficace de la médecine en limitant potentiellement la disponibilité de nouvelles procédures pour les patients ». 

Les accords commerciaux ne devraient pas constituer une nouvelle difficulté dans l’accès aux médicaments, notamment pour les pays en développement et les populations les plus vulnérables. 

Il devrait y avoir un équilibre juste entre les prix des médicaments et la protection de la propriété intellectuelle par les brevets. 

L’AMM estime que le dépôt de brevets sur les médicaments et les vaccins doit être règlementé conformément aux principes éthiques et aux valeurs de la profession médicale afin d’assurer une action mondiale efficace et résolue pour la santé publique. C’est pourquoi elle reconnaît qu’il peut être nécessaire de lever temporairement les brevets tout en assurant une juste compensation des droits de propriété intellectuelle des titulaires desdits brevets. De plus, pour produire des résultats rapides et complets, les solutions pérennes aux questions relatives aux brevets doivent être complétées par le transfert de technologie, de connaissances, de savoir-faire de fabrication, l’investissement mondial dans des sites de production, la formation de personnel et le contrôle de la qualité. 

La résolution de l’AMM sur la main d’œuvre médicale indique que l’AMM reconnaît la nécessité d’investir dans l’enseignement de la médecine et demande aux gouvernements « …[d’] allouer suffisamment de ressources financières pour l’éducation, la formation, le perfectionnement, le recrutement et la rétention des médecins afin de satisfaire les besoins médicaux de toute la population. » 

La déclaration de Delhi de l’AMM sur la santé et les changements climatiques rappelle que les changements climatiques mondiaux ont eu et auront encore de graves conséquences sur la santé.  

La déclaration de l’AMM sur le commerce équitable de produits et de fournitures médicaux plaide en faveur de politiques d’achat de biens médicaux fabriqués dans des conditions justes et éthiques, de conditions de travail sûres et de l’éradication de l’esclavage moderne tout au long des chaînes d’approvisionnement. Les fabricants de matériel médical devraient adopter un plan de continuité de fourniture des produits vitaux pour éviter autant que possible les ruptures de stock. Un tel plan devrait permettre de restaurer, voire de doubler les capacités de production pour réduire les ruptures d’approvisionnement. 

 

RECOMMANDATIONS 

C’est pourquoi l’AMM appelle les gouvernements nationaux et les associations nationales adhérentes : 

1. à plaider pour la transparence et l’accessibilité de toutes les négociations d’accords commerciaux, notamment pour la possibilité pour le grand public, d’accéder aux textes en cours de négociation et pour les parties intéressées, de s’impliquer dans les débats ; 

2. à appeler à la réalisation d’une évaluation préalable des effets anticipés de tous les accords commerciaux sur la santé, les droits humains et l’environnement ; 

3. à plaider en faveur d’accords commerciaux qui protègent, favorisent et donnent la priorité à la santé publique sur les intérêts commerciaux et politiques, et qui prévoient de larges exceptions afin de sauvegarder les services d’intérêt général, notamment ceux ayant un impact sur la santé individuelle et publique. Ces accords devraient comporter de nouvelles modalités concernant la prestation de soins de santé dont l’e-santé ; 

4. à veiller à ce que les accords commerciaux n’aient pas de conséquences négatives sur les systèmes de santé, les ressources humaines de la santé et la couverture santé universelle (CSU). À veiller à ce que les accords commerciaux n’interfèrent pas avec la capacité des gouvernements à protéger et à règlementer la santé et les soins ou à garantir le droit à la santé pour tous. L’action des gouvernements pour protéger et promouvoir la santé ne devrait pas pouvoir être contestée par le règlement des différends entre investisseurs et États (RDIE) ou par un mécanisme similaire ; 

5. à s’efforcer d’assurer que les brevets sur les médicaments et les vaccins soient règlementés conformément aux principes de l’éthique médicale afin de protéger la santé publique dans les situations d’urgence sanitaire mondiale ;  

6. et pour ce faire, à exhorter les associations médicales nationales à promouvoir la levée temporaire des brevets sur les médicaments et les vaccins afin de protéger la santé publique dans les situations d’urgence sanitaire mondiale tout en assurant une juste compensation des droits de propriété intellectuelle des titulaires desdits brevets, des investissements mondiaux dans des sites de production et de transfert de connaissances ; à promouvoir la santé publique, l’équité, la solidarité et la justice sociale et à protéger les pays et les peuples qui sont les plus faibles sur les plans économiques et de la santé, et donc les plus vulnérables ; 

7. à s’opposer à toutes les dispositions d’accords commerciaux qui mettraient en péril l’accès aux services de santé ou aux médicaments telles que : 

  • le dépôt de brevet (ou l’application d’un brevet) pour des techniques de diagnostic, de traitement et de chirurgie ; 
  • la mise à jour continue de brevets ou la protection par brevet de modifications mineures de médicaments existants ; 
  • l’établissement d’un lien entre brevet et commercialisation ou d’autres ajustements concernant les brevets servant d’obstacles à la commercialisation de médicaments génériques ; 
  • l’exclusivité des données pour les produits biologiques ; 
  • tout effort pour saper les garanties des ADPIC ou restreindre la flexibilité des ADPIC, y compris la licence obligatoire ; 
  • les limites à la transparence sur les données des essais cliniques. 

 8. à s’opposer à tous les accords commerciaux qui réduiraient le soutien public ou faciliteraient la commercialisation de l’enseignement de la médecine ; 

 9. à s’opposer à tout accord commercial qui faciliterait la privatisation inopportune de services publics dans des domaines comme la conservation du milieu naturel, l’éducation, les soins de santé et les services collectifs essentiels comme l’énergie et l’eau ; 

10. à veiller à ce que les accords commerciaux favorisent la protection de l’environnement et contribuent aux efforts de réduction des activités responsables des changements climatiques ; 

 11. à assurer que les accords commerciaux favorisent l’équité, les droits humains et comportent des mécanismes de reddition de comptes pour faire suite à leur mise en œuvre. 

 

Adoptée par la 63ème Assemblée Générale de l’AMM, Bangkok, Thaïlande, Octobre 2012
Et supprimée par la 68e Assemblée générale de l’AMM, Chicago, USA, octobre 2017

Les recherches épidémiologiques et autres ont prouvé qu’il existait un lien certain entre le prix de l’alcool et le niveau de consommation, notamment chez les jeunes et les gros consommateurs d’alcool.

L’instauration d’un prix plancher à l’unité pour réduire la consommation d’alcool est une mesure forte de santé publique qui ferait baisser la consommation moyenne d’alcool dans la population et qui serait particulièrement efficace auprès des gros consommateurs et des jeunes.

Certains états ont l’intention de fixer un prix plancher à l’unité afin de réduire l’impact médical et social d’une consommation excessive d’alcool.

L’AMM soutient les Etats recherchant de telles solutions innovantes pour lutter contre les graves conséquences sanitaires, publiques et individuelles, d’une consommation excessive d’alcool.

Adoptée par la 63ème Assemblée Générale de l’AMM, Bangkok, Thaïlande, Octobre 2012 et réaffirmée avec des révisions mineurs par la 217ème Session du Conseil de l’AMM (en ligne), Seoul, Corée du Sud, avril 2021 et par la 218ème session du Conseil (en ligne), Londres, Royaume-Uni, Octobre 2021 

 

L’AMM réaffirme sa résolution pour l’application de la convention cadre de l’OMS pour la lutte antitabac et souligne l’importance d’un tel mécanisme mondial pour protéger les personnes de l’exposition et de l’addiction au tabac et aux autres produits destinés aux fumeurs comme les inhalateurs de nicotine.

L’AMM réaffirme également sa prise de position sur les cigarettes électroniques et la recommandation selon laquelle ces produits devraient être soumis à agrément règlementaire local et aux lois relatives aux zones non fumeur.

L’AMM constate :

  • que les cigarettes constituent un danger pour la vie et la santé des personnes qui les consomment, ainsi qu’un coût pour les services de soins de santé de tous les pays ;
  • que les personnes qui fument ont généralement commencé à l’adolescence ;
  • qu’il existe de plus en plus de preuves que l’utilisation de la cigarette électronique ouvre la voie vers la consommation de produits du tabac traditionnels parmi les jeunes et/ou les non fumeurs et constitue un risque supplémentaire pour la santé ;
  • qu’il existe un lien avéré entre la reconnaissance de la marque et la probabilité de commencer à fumer ;
  • que la reconnaissance de la marque est fortement corrélée à l’emballage des cigarettes ;
    que l’emballage neutre des cigarettes limite les effets de la stratégie de marque, de la promotion et de la commercialisation des cigarettes et des cigarettes électroniques.

L’AMM encourage fortement les gouvernements nationaux à soutenir l’adoption de mesures visant à briser la stratégie de marque, telles que l’emballage neutre des cigarettes, y compris électroniques, et des autres produits du tabac. L’AMM déplore les stratégies mises en œuvre par l’industrie du tabac pour contrecarrer l’adoption et l’application de cette politique.

 

Adoptée par la 63ème Assemblée Générale de l’AMM, Bangkok, Thaïlande, octobre 2012
et réaffirmée par la 212ème session du Conseil de l’AMM, Santiago, Chili, avril 2019

 

PREAMBULE

L’utilisation de la vaccination afin de prévenir une maladie remonte à 1796 lorsque Jenner utilisa avec succès la vache pour vacciner contre la variole. Depuis, la vaccination et l’immunisation ont été reconnues  comme une stratégie efficace de prévention de plusieurs maladies transmissibles et sont à présent développées pour lutter contre certaines maladies non transmissibles.

Le développement de la vaccination et sa mise en œuvre constituent quelques unes des mesures les plus importantes des temps modernes pour la santé mondiale. On estime que l’immunisation évite actuellement environ 2,5 millions de morts par an en protégeant contre des maladies telles que la diphtérie, le tétanos, la coqueluche et la rougeole. Environ 109 millions d’enfants de moins d’un an sont totalement protégés par un seul vaccin contre la diphtérie-tétanos-coqueluche (DTP3).

La plupart du temps, le but ultime de l’immunisation est l’éradication totale d’une maladie transmissible. Tel fut le cas en 1980 pour la variole et on peut raisonnablement envisager l’éradication de la polio dans les prochaines années.

La ‘vaccination dans le monde: vision et stratégie (GIVS) 2006-2015′ était une stratégie élaborée par l’OMS et l’UNICEF dans l’espoir d’atteindre les populations cibles qui actuellement n’ont pas de services d’immunisation ou un niveau de couverture adéquat.

Les quatre stratégies promues dans cette vision sont les suivantes :

  • Protéger davantage d’individus dans un monde en mutation
  • Introduire de nouveaux vaccins et des technologies
  • Intégrer l’immunisation, d’autres interventions sanitaires apparentées et une surveillance dans les systèmes de soins
  • Immuniser dans le contexte de l’interdépendance mondiale [1]

La recherche sur les vaccins met constamment à jour de nouvelles possibilités pour protéger les populations contre les graves menaces sanitaires. De plus, de nouvelles souches de maladie font leur apparition, ce qui nécessite l’adaptation des vaccins afin d’assurer la protection.

Le processus d’immunisation requiert un environnement bénéficiant de ressources et de personnels de santé appropriés afin de garantir une vaccination efficace et sûre. Souvent la vaccination demande des injections et il faut toujours respecter des procédures sûres pour ces injections.

Les calendriers d’immunisation peuvent varier en fonction du vaccin, certains demandant plusieurs injections pour être efficaces. Il est capital que le calendrier soit suivi dans son intégralité, afin de ne pas compromettre l’efficacité du vaccin.

Les bénéfices de l’immunisation ont eu un impact majeur sur les populations, non seulement en termes de prévention d’une mauvaise santé mais aussi en permettant les ressources précédemment mobilisées pour soigner les maladies, d’être redirigées sur d’autres priorités sanitaires. Des populations en meilleure santé sont économiquement profitables aux pays et peuvent davantage apporter à la société.

Réduire la mortalité de l’enfant est le quatrième des Objectifs du millénaire pour le développement, l’immunisation des enfants ayant un impact majeur sur le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans. Selon l’OMS, plus de 19 millions d’enfants n’ont pas reçu le vaccin DTP3. De plus, il convient de mettre en place des services de santé de base pour la santé maternelle avec du personnel de santé qualifié.

L’immunisation des adultes face à des maladies telles que la grippe et les infections à pneumocoque a prouvé son efficacité, non seulement en diminuant le nombre de cas parmi ceux ayant été immunisés mais aussi en réduisant le fléau des maladies dans la société.

La profession médicale dénonce toute prise de position non fondée et inexacte sur les possibles dangers de la vaccination. De telles prises de position ont fait baisser le taux d’immunisation dans certains pays. Il en est résulte une augmentation du taux de maladies à prévenir avec de graves conséquences pour un certain nombre de personnes.

Les pays n’ont pas tous  les mêmes priorités en termes d’immunisation, la prévalence et le risque de maladies variant entre les populations. Tous les pays n’ont pas le même taux de couverture ni les mêmes ressources pour acquérir, coordonner, distribuer ou bien administrer efficacement les vaccins à leurs populations, comptant souvent sur les organisations non gouvernementales pour soutenir les programmes d’immunisation. Ces dernières à leur tour s’appuient souvent sur des fonds extérieurs qui ne sont pas toujours sûrs. Dans cette période de crise financière mondiale, le financement de tels programmes est soumis à des pressions considérables.

Le risque de complications provoquées par des maladies évitables par la vaccination est maximum chez ceux confrontés à des obstacles pour accéder aux services d’immunisation. Ces obstacles peuvent être le facteur coûts, la localisation, la méconnaissance des services d’immunisation et de leurs bénéfices pour la santé ou bien d’autres facteurs restrictifs.

Les individus souffrant de maladies chroniques, ou ayant des problèmes de santé ou d’autres facteurs de risques, tel que l’âge, sont particulièrement exposés à de graves complications face à des maladies que l’on peut prévenir par la vaccination. Ils devraient donc être ciblés pour assurer une immunisation adéquate.

Les chaînes d’approvisionnement peuvent s’avérer difficiles à sécuriser, notamment dans des pays manquant de coordination ou de soutien au niveau de leurs programmes d’immunisation. Sécuriser les ressources appropriées par exemple avec des professionnels de santé qualifiés, des équipements et un soutien administratif peut être un défi majeur.

La collecte des données sur le taux d’administration de vaccination, sur les effets secondaires des vaccins et la surveillance des maladies sont souvent  difficiles à effectuer, particulièrement dans les zones isolées et en manque de ressources. Néanmoins, signaler les incidents et contrôler la propagation des maladies sont des outils essentiels pour lutter contre les menaces sanitaires mondiales.

 

RECOMMANDATIONS

L’AMM soutient les recommandations de Vaccination dans le monde : vision et stratégie (GIVS) 2006-2015 et lance un appel à la communauté internationale pour :

  • Encourager les gouvernements à allouer des ressources aux programmes d’immunisation visant à répondre aux besoins spécifiques de leurs pays.
  • Reconnaître l’importance de la vaccination/immunisation en soutenant et en adoptant toujours les mesures visant à atteindre des objectifs de vaccination au niveau mondial et à satisfaire aux Objectifs du millénaire pour le développement, notamment le quatrième (réduire la mortalité infantile), le cinquième (améliorer la santé maternelle) et le sixième (lutter contre le VIH/SIDA, la malaria et d’autres maladies).
  • Reconnaître la responsabilité mondiale de l’immunisation face aux maladies que l’on peut éviter et soutenir le travail dans les pays ayant des difficultés à atteindre les objectifs 2012 de l’Initiative Mondiale d’éradication de la polio [2].
  • Soutenir les gouvernements nationaux ayant des populations vulnérables  courant le risque de maladies qui peuvent être prévenues par la vaccination ainsi que les agences locales œuvrant à fournir des services d’immunisation et travailler avec elles pour lever les obstacles empêchant l’accès aux services.
  • Soutenir  la recherche sur les vaccins et leur mise au point et s’impliquer via un financement adéquat dans la recherche sur les vaccins.
  • Promouvoir la vaccination et les bénéfices de l’immunisation, notamment en ciblant les populations à risques et celles qui sont difficiles d’accès.
  • Adhérer aux actions de suivi entreprises par l’OMS et d’autres autorités sanitaires.
  • Promouvoir de hautes normes dans la recherche, le développement et l’administration des vaccins afin de garantir la sécurité des patients. Les vaccins doivent être soigneusement testés avant leur mise en œuvre à grande échelle et contrôlés ensuite afin de prévenir de possibles complications et des effets secondaires indésirables. Pour leur succès, les programmes d’immunisation doivent recueillir la confiance du public, ce qui dépend de la sécurité qui y est rattachée.

Dans le cadre de la délivrance de programmes de vaccination, l’AMM recommande :

  • Un respect du calendrier complet d’immunisation pour garantir une couverture maximale. Une gestion et un suivi du  calendrier si possible par des personnes dûment formées afin d’assurer un service intégral et une prise en charge rapide et appropriée des effets secondaires des vaccins.
  • Le recours à des stratégies pour atteindre des populations pouvant être isolées, pour des raisons liées à leur localisation, leur race, leur religion, leur statut économique, leur marginalisation sociale, leur sexe et/ou leur âge.
  • S’assurer que des professionnels de santé qualifiés aient une formation complète pour assurer des vaccinations et immunisations sûres, et que ces dernières ciblent ceux en ayant le plus besoin.
  • L’éducation de la population sur les bénéfices de l’immunisation et sur la manière d’accéder à de tels services.
  • La tenue de dossiers médicaux bien à jour afin que les données pertinentes sur l’administration des vaccins et le taux de couverture soient disponibles, permettant ainsi aux politiques d’immunisation de s’appuyer sur des preuves véritables et fiables.
  • Les professionnels de santé devraient être considérés comme une population prioritaire pour bénéficier d’une immunisation compte tenu de leur exposition aux patients et aux maladies.

L’AMM appelle ses membres à agir sur les points suivants :

  • Sensibiliser davantage les populations aux calendriers nationaux d’immunisation ainsi qu’à leurs antécédents personnels (et ceux de leurs dépendants) en matière d’immunisation.
  • Travailler avec les gouvernements nationaux et locaux chargés d’alimenter et d’appliquer les programmes d’immunisation.
  • Veiller à ce que le personnel de santé chargé de vacciner et d’immuniser reçoive une formation théorique et pratique adéquate.
  • Promouvoir l’efficacité basée sur la preuve de la vaccination et sensibiliser davantage sur les bénéfices de l’immunisation aussi bien les médecins que le public.

 

Références

[1] World Health Organization and United Nations Children’s Fund. Global Immunisation Vision and Strategy, 2006-2015. Geneva, Switzerland: World Health Organization and United Nations Children’s Fund; 2005. Disponible à l’adresse: http://www.who.int/immunisation/givs/related_docs/en/index.html

[2] World Health Organization. Global Polio Eradication Initiative: Strategic Plan 2010-2012. Geneva, Switzerland: World Health Organization; 2010. Disponible à l’adresse: http://polioeradication.org/who-we-are/strategy/

Adopté par la 62e Assemblée générale de l’AMM, Montevideo, Uruguay, octobre 2011

Ces dix dernières années, le monde entier a été confronté à une série de graves évènements qui ont éprouvé les moyens existants sur place pour assurer les soins de santé et qui ont dépassé les systèmes de réponse médicale d’urgence. Les conflits armés, les attaques terroristes et les catastrophes naturelles telles que les séismes, les inondations et les tsunamis dans différentes parties du monde non seulement ont affecté la santé de la population vivant dans ces zones mais ont sollicité le soutien et une réponse de la communauté internationale

De nombreuses associations médicales nationales ont envoyé des équipes d’intervention dans de telles situations désastreuses.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le Centre de recherche sur l’épidémiologie des catastrophes (CRED), la fréquence, la magnitude et le coût de ces catastrophes naturelles et du terrorisme sont en augmentation partout dans le monde. Au siècle dernier, près de 3millions et demi de personnes ont été tuées dans le monde à cause de catastrophes naturelles ; près de 200 millions ont été tués en raison de désastres d’origine humaine (guerres, terrorisme, génocides par ex.). Tous les ans, les désastres entraînent des centaines de morts et coûtent des milliards de dollars du fait de l’interruption du commerce et de la destruction de l’habitat et des infrastructures essentielles.

La vulnérabilité des populations (en autre du fait de la plus grande densité de population, de l’urbanisation, du vieillissement) a accru le risque de catastrophes et de situations d’urgence en matière de santé publique. La mondialisation reliant tous les pays via une interdépendance économique a conduit à une augmentation des voyages et du commerce international. Une telle activité a conduit à une plus grande densité de population dans les villes et un déplacement plus important des  populations   vers les zones côtières et les autres régions sensibles en termes de catastrophes. L’augmentation des voyages internationaux pourrait accélérer le rythme auquel une maladie infectieuse émergente ou un agent du bioterrorisme se diffuse à travers le globe. Les changements climatiques et le terrorisme sont devenus des facteurs majeurs pouvant influencer la fréquence des catastrophes et nécessitent donc un suivi et une attention continus.

L’émergence des maladies infectieuses telles que la grippe H1N1 et le syndrome respiratoire aigue sévère (SRAS) ainsi que la récente apparition du virus du Nil occidental et de la variole simienne dans l’hémisphère occidental renforce la nécessité d’être constamment vigilant et de planifier la préparation et la réponse aux nouvelles émergences de santé publique inattendues.

La probabilité croissante de catastrophes liées au  terrorisme et affectant de vastes populations civiles concerne tous les pays. L’inquiétude demeure quant à la sécurité de l’arsenal nucléaire, chimique et biologique mondial ainsi que du recrutement de personnes capables de le produire ou de l’utiliser. La nature potentiellement catastrophique d’une attaque terroriste « réussie » configure un évènement pouvant exiger des ressources  et  une préparation des professionnels d’une ampleur disproportionnée.  Des catastrophes naturelles telles que les tornades, les ouragans, les inondations et les séismes ainsi que celles liées à l’industrie et aux transports sont beaucoup plus fréquentes et peuvent aussi placer dans une situation de grave tension les infrastructures  médicales, la santé publique et les systèmes de réponse aux situations d’urgence.

A la lumière des récents évènements mondiaux, il devient de plus en plus clair que tous les médecins doivent être de plus en plus professionnels dans la reconnaissance, le diagnostic et le traitement des  nombreuses victimes, avec une approche tous risques à la gestion et à la réponse aux catastrophes. Ils doivent pouvoir reconnaitre les caractéristiques  générales des catastrophes et des urgences de santé publique, savoir comment les signaler et où obtenir davantage d’informations, si besoin est. Les médecins sont sur la ligne de front lorsqu’ils traitent des blessures et des maladies – qu’elles soient dues à des microbes, à des dangers environnementaux, des catastrophes naturelles, des collisions autoroutières, au terrorisme ou à d’autres calamités.  Une détection et un suivi précoces sont essentiels pour minimiser le nombre de victimes via un travail d’équipe avisé dans le secteur de la santé publique et privé et via du personnel d’intervention d’urgence.

L’AMM, représentant les médecins du monde, exhorte ses membres à une défense/sensibilisation de ce qui suit :

  • Promouvoir un ensemble de compétences standards afin d’assurer une cohérence au sein des programmes de formation aux catastrophes dans toutes les spécialités de médecine. De nombreuses AMN organisent des formations aux catastrophes et possèdent une expérience en matière de réponse aux catastrophes. Ces AMN peuvent partager leurs connaissance et  plaider en faveur d’un certain niveau normalisé de formation pour tous les médecins, peu importe leur spécialité ou nationalité.
  • travailler avec les gouvernements nationaux et locaux pour établir ou actualiser des banques de données  régionales et un mappage géographique d’informations sur les ressources de santé, les capacités, les aptitudes et la logistique afin de participer aux efforts de secours médical dans le pays et  dans le monde, là où cela est nécessaire. Cela pourrait inclure  des informations sur les organisations de secours locales, l’état des hôpitaux locaux et des infrastructures sanitaires, des maladies endémiques et des maladies émergentes ainsi que d’autres informations importantes de santé publique et touchant à la clinique pour contribuer à une intervention médicale en cas de catastrophe. De plus, les systèmes destinés à communiquer directement avec les médecins et les autres prestataires de soins sur le front devraient être identifiés et renforcés.
  • travailler avec les gouvernements nationaux et locaux afin d’établir et de tester des programmes de gestion des catastrophes pour les soins cliniques et la santé publique y compris les bases éthiques pour la fourniture de tels programmes.
  • encourager les gouvernements au niveau national et local à travailler au delà des frontières classiques départements et autres à l’établissement d’une planification nécessaire. planification.

L’AMM pourrait être un canal de communication pour les AMN pendant de telles crises en leur permettant de coordonner leurs activités et de travailler ensemble.

Adopté par la 62e Assemblée générale de l’AMM, Montevideo, Uruguay, Octobre 2011
et réaffirmée avec des révisions mineures par la 218ème session du Conseil (en ligne), Londres, Royaume-Uni, Octobre 2021

 

La lèpre est un vaste problème de santé publique   – avec env. 250.000 nouveaux cas dans le monde chaque année. Il s’agit d’une maladie que l’on peut soigner et dès le début du traitement, la chaîne de transmission est stoppée. La lèpre figure parmi les maladies négligées qui n’ont pas été prises correctement en charge, tant sur le plan des investissements dans la recherche que du traitement médical.

L’Association Médicale Mondiale recommande à toutes les Associations Médicales Nationales de veiller à ce que les personnes atteintes par la lèpre ainsi que leurs familles soient traitées avec dignité et sans subir un quelconque préjudice ou discrimination. Les médecins, les professionnels de santé et la société civile devraient s’impliquer dans la lutte contre toute forme de préjudice et de discrimination. Les centres de recherche devraient considérer la lèpre comme un problème majeur de santé publique et poursuivre les recherches sur cette maladie car ses mécanismes pathophysiologiques ne sont pas totalement connus. Ces lacunes pourraient être surmontées par l’allocation de ressources pour de nouvelles recherches qui contribueront à une lutte plus efficace dans le monde.   Les facultés de médecine, notamment dans les pays ayant une forte prévalence de cette maladie, devraient mettre l’accent sur l’importance de la lèpre dans leur cursus.  Le secteur public, privé et la société civile devraient rassembler leurs efforts pour diffuser l’information contre le préjudice face à la lèpre et faire savoir qu’il s’agit d’une maladie que l’on peut traiter.

Adoptée par la 50e Assemblée générale de l’Association médicale mondiale, Ottawa, Octobre 1998 et amendée par la 60e Assemblée générale, New Delhi, Inde, Octobre 2009 et supprimée par la 70e Assemblée générale de l’AMM, Tbilissi, Géorgie, Octobre 2019

INTRODUCTION

Tous les pays devraient avoir un système de santé disposant de ressources suffisantes pour répondre aux besoins de sa population. De nombreux pays dans le monde subissent cependant de grandes inégalités en matière de soins de santé ce qui crée des problèmes d’accès aux services de santé pour les classes les plus pauvres de la société (les faibles ou les défavorisées). La situation est notamment grave dans les pays à faibles revenus.

La communauté internationale a tenté d’améliorer la situation. L’Initiative 20/20 de 1995, L’Initiative de 1996 sur les pays pauvres très endettés (PPTE) et les Objectifs de Développement pour le Millénaire (ODM) sont toutes des initiatives visant à réduire la pauvreté et à traiter la mauvaise santé, les inégalités entre les sexes, l’éducation, l’accès insuffisant à l’eau potable et la pollution de l’environnement.

Les objectifs sont formulés sous la forme d’un accord reconnaissant la contribution que les pays développés peuvent apporter par le commerce, l’assistance au développement, par la réduction de la dette, par un meilleur accès aux médicaments essentiels et par le transfert des technologies. Trois des huit objectifs concernent directement la santé. Celle-ci  a une énorme influence sur divers autres objectifs en interaction au sein d’une structure et établis pour améliorer le développement humain dans son ensemble. Les Objectifs de Développement pour le Millénaire (ODM)  prévoient un développement basé sur la santé et l’éducation, pointant en cela le fait que le développement ne concerne pas uniquement la croissance économique.

Plusieurs rapports de l’Organisation Mondiale de la Santé ont souligné les possibilités et les compétences (ou techniques)  permettant actuellement d’améliorer de façon significative la santé et donc de  réduire la pauvreté et de stimuler la croissance. De plus, les rapports font remarquer qu’il est capital de pallier le manque de ressources humaines afin d’améliorer les performances du système de santé publique ce qui est urgent. Ce manque est lié aux conditions de travail, à la formation et à la rémunération. Il est important pour évaluer le niveau d’amélioration de l’accès aux services de santé.

RECOMMANDATIONS:

L’Association Médicale Mondiale demande aux Associations Médicales Nationales:

1. De s’impliquer pour que les gouvernements respectent et promeuvent les propositions relatives à une augmentation des investissements dans le secteur de la santé; respectent et promeuvent les initiatives pour alléger  la dette des pays les plus pauvres de la planète.

2. De plaider en faveur (défendre) d’une intégration des facteurs de santé publique dans toutes les décisions politiques car la santé est grandement déterminée par des facteurs extérieurs. (La santé ce n’est pas uniquement la médecin, elle dépend également du niveau de vie).

3. D’encourager et de soutenir les pays dans la préparation et la mise en place de plans d’investissement dans  le domaine de la santé pour les pauvres; de garantir que davantage de ressources sont consacrées à la santé en général avec plus d’efficacité et d’impact ; de limiter les restrictions afin d’utiliser le plus efficacement possible les investissements supplémentaires.

4. De demeurer vigilant afin que les plans d’investissement se consacrent principalement à créer des capacités, à promouvoir les compétences de leadership et à fournir des incitations pour la conservation et l’emploi de personnel qualifié tout en considérant que les restrictions en matière de personnel constituent actuellement le principal obstacle au progrès.

5. De faire pression auprès des institutions financières internationales et des autres donateurs importants:

i) afin qu’ils adoptent les mesures nécessaires pour aider les pays ayant déjà mis en place des mécanismes de préparation de plans d’investissement et fournissent une assistance aux pays qui ont commencé à prendre les mesures nécessaires, avec le soutien et la participation de la communauté internationale;

ii) afin qu’ils aident les pays à obtenir des fonds pour développer et instaurer leurs  plans d’investissements ;

iii) afin qu’ils  continuent de fournir une assistance technique aux pays dans le cadre de leurs projets.

6. D’échanger des informations afin de coordonner les efforts pour un changement politique dans ces domaines.

Adoptée par la 48e Assemblée Générale Somerset West, République d’Afrique du Sud, Octobre 1996, révisée par la 59e Assemblée Générale de l’AMM, Séoul, Corée, Octobre 2008
et par la 70e Assemblée Générale, Tbilissi, Géorgie, Octobre 2019

 

PRÉAMBULE

La résistance aux antimicrobiens (RAM) constitue une menace croissante pour la santé publique mondiale, qui dépasse les frontières nationales et les divisions socioéconomiques. La résistance aux antimicrobiens met en péril la santé humaine, animale et environnementale. C’est une crise aux multiples facettes, avec de lourdes conséquences sur les plans humain, sanitaire et économique.

La lutte contre la résistance aux antimicrobiens est devenue une priorité sanitaire absolue au niveau mondial et incombe à tous les pays.

Les médicaments antimicrobiens sont un élément essentiel de la médecine moderne : ils permettent de limiter les risques de procédures complexes comme la chirurgie ou la chimiothérapie.

La résistance aux antimicrobiens menace l’efficacité de la prévention et du traitement d’un nombre croissant d’infections causées par des bactéries, des parasites, des virus et des champignons.

Une résistance aux antimicrobiens apparaît lorsque des microorganismes développent une capacité de résistance à l’action des médicaments antimicrobiens (tels que les antibiotiques, les antifongiques, les antipaludiques et les anthelminthiques).

De plus en plus de rapports font état d’infections causées par les bactéries résistantes à de multiples catégories d’antibiotiques.

Bien que l’apparition d’une résistance aux antimicrobiens soit un phénomène tout à fait naturel de l’évolution, elle est exacerbée par une surutilisation et un mauvais usage des antimicrobiens en médecine humaine et vétérinaire ainsi qu’en agriculture et par son emploi comme stimulateur de croissance ou comme agent de prévention sur des animaux sains.

L’apparition et la propagation de la résistance aux antimicrobiens est en outre aggravée par l’accès restreint à des médicaments efficaces, la vente libre d’antibiotiques dans certains pays, la disponibilité de produits de mauvaise qualité, voire contrefaits, la mauvaise utilisation des antibiotiques dans la production alimentaire, l’essor des déplacements internationaux, le tourisme et le commerce médicaux et la faible application des mesures de lutte contre les infections.

L’autre facteur principal de la résistance aux antimicrobiens est la dissémination d’antibiotiques dans l’environnement, soit du fait de mauvaises pratiques de fabrication ou d’élimination des médicaments non utilisés, soit par les déjections humaines et animales, soit par l’élimination inadéquate des cadavres d’humains et d’animaux.

Dans de nombreux pays, notamment ceux à revenu faible ou moyen, l’accès à des médicaments antimicrobiens efficaces et à des techniques complémentaires, de diagnostic ou de vaccination par exemple, reste une gageure, aggravant la RAM.

Les conséquences de la RAM ne se mesurent pas seulement sur le plan de la santé humaine mais aussi sur le plan économique. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a averti que la résistance aux antimicrobiens avait atteint des niveaux alarmants dans de nombreuses régions du monde et qu’à ce rythme, elle causerait la mort de 10 millions de personnes par an et une diminution de 2 à 3,5 % du PIB mondial d’ici 2050.

À l’allure à laquelle se propage la résistance aux antimicrobiens à travers le monde, elle compromet fortement la réalisation des Objectifs de développement durable des Nations unies et sape les efforts de réduction des inégalités de santé. Sans une action transectorielle harmonisée et coordonnée à l’échelle internationale, le monde se dirige vers une ère post-antibiotique à laquelle des infections courantes et des blessures mineures pourront de nouveau tuer.

La résistance antimicrobienne fait désormais partie des priorités au plus haut niveau politique, notamment pour l’assemblée générale des Nations unies. Elle est également inscrite à l’ordre du jour du G7 et du G20.

Il est nécessaire d’adopter une approche de type « un monde, une santé » (« One Health ») pour réduire au minimum l’utilisation inadaptée ou superflue des antimicrobiens ainsi que pour prévenir et lutter contre la transmission de la résistance existante. Une approche du type « un monde, une santé » permettrait d’assumer qu’il est nécessaire d’agir dans les domaines de la médecine humaine et vétérinaire, mais aussi de l’agriculture.

 

RECOMMANDATIONS

Recommandations générales

  1. Dans la population en général et dans les soins de santé, la principale mesure de prévention des infections consiste à réduire la demande d’antibiotiques. Pour ce faire, il convient de s’attaquer aux déterminants sociaux des maladies infectieuses comme la précarité des conditions de vie et le manque d’assainissement, des mesures qui se traduiront par la diminution des inégalités de santé et de la résistance aux antimicrobiens.
  2. Les nations disposent de différentes ressources pour lutter contre la résistance aux antimicrobiens et doivent coopérer avec l’Organisation mondiale de la santé, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), qui promeuvent le plan d’action mondial qui sert de cadre aux plans d’action nationaux.
  3. L’Association médicale mondiale (AMM) et ses membres constituants devraient plaider pour :
    • un financement de la surveillance des infections résistantes aux médicaments, tant en médecine humaine et vétérinaire que dans les secteurs de l’agriculture, de la production halieutique et de l’agroalimentaire, ainsi que pour une coopération internationale en matière de procédures de partage des données en vue d’améliorer les réponses au niveau mondial ;
    • l’examen, par l’OMS et les autres agences onusiennes du rôle des accords sur le commerce international et des déplacements internationaux dans la propagation de la résistance aux antimicrobiens et la promotion de l’intégration, dans ces accords, de garanties contre la prolifération des pathogènes résistants aux médicaments dans l’alimentation ;
    • l’appui de l’OMS aux mesures d’assouplissement des aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) pour assurer l’accès à des médicaments de qualité à des prix abordables et son opposition à la multiplication des dispositions dites « ADPIC-plus » de ces accords, qui limitent ces assouplissements pourtant efficaces ;
    • l’emploi généralisé de techniques fiables telles que des systèmes de traçabilité pour assurer l’authenticité des produits pharmaceutiques ;
    • un accès égalitaire et un usage approprié des médicaments antimicrobiens de qualité existants et à venir, ce qui exige l’application efficace des listes des médicaments essentiels de l’OMS portant sur les antimicrobiens, à savoir ceux auxquels l’accès est indispensable, ceux à utiliser avec précaution et ceux à n’utiliser qu’en dernier recours. Pour que le programme d’action mondial de l’OMS et les programmes d’action nationaux soient efficaces, l’accès aux établissements de santé, aux professionnels de santé, aux vétérinaires, aux connaissances, à l’instruction et aux informations est vital ;
    • un recours massif à la vaccination pour lutter contre la résistance aux antimicrobiens, ce qui permettra de réduire le fardeau des maladies infectieuses et par voie de conséquence de réduire le besoin d’antimicrobiens, limitant ainsi l’apparition d’une résistance à ces derniers ;
    • que les organisations internationales chargées de la santé et les gouvernements amplifient leurs actions, se coordonnent pour promouvoir une utilisation appropriée des antibiotiques et travaillent ensemble à réduire la résistance aux antimicrobiens par une approche de type « un monde, une santé », qui reconnaisse que les santés humaine, animale et environnementale sont inextricablement liées afin d’enrayer la propagation de la résistance.
  4. L’Association médicale mondiale et ses membres constituants devraient encourager leurs gouvernements respectifs à :
    • accroître le financement de la recherche fondamentale et appliquée visant à mettre au point des agents antimicrobiens, des outils de diagnostic et des vaccins (notamment des vaccins antimicrobiens innovants) et à bien utiliser ces dispositifs thérapeutiques ;
    • assurer l’équilibre entre les ressources financières et techniques pour le développement de médicaments antimicrobiens, de vaccins et d’outils de diagnostic innovants ainsi que de méthodes novatrices de prévention et de lutte contre les infections, à la fois dans les domaines de la médecine humaine et vétérinaire et dans l’agriculture ;
    • appuyer des efforts de recherche et développement de nouveaux agents et vaccins antimicrobiens et de tests de diagnostic rapide qui soient dictés par les besoins et conformes aux principes détaillés dans la déclaration politique issue de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations unies sur la résistance aux agents antimicrobiens, adoptée en septembre 2016, à savoir l’accessibilité financière, l’efficacité, l’efficience et l’équité;
    • prendre des mesures règlementaires en vue de maîtriser la pollution environnementale qui permet la dissémination des gènes résistants aux antibiotiques dans le sol, l’eau et l’air.
    • former un nombre suffisant de spécialistes en maladies infectieuses cliniques dans chaque pays, condition indispensable pour combattre la résistance aux antimicrobiens et les infections acquises à l’hôpital.

Au niveau national

  1. Les membres constituants devraient exhorter leurs gouvernements à :
    • exiger que les agents antimicrobiens ne soient disponibles que sur prescription d’un professionnel de santé ou un vétérinaire et distribués ou vendus par des professionnels ;
    • lancer des campagnes nationales de sensibilisation aux conséquences dangereuses d’une surutilisation et d’un mauvais usage des antibiotiques auprès du grand public. Ces campagnes devraient être appuyées par la fixation d’objectifs nationaux pour accroître la sensibilisation de la population ;
    • soutenir leurs associations professionnelles, la société civile et les systèmes de soins de santé afin qu’ils supervisent l’adoption de comportements adéquats éprouvés en vue d’assurer un emploi approprié des antibiotiques et de mettre fin à leur surutilisation ;
    • assurer l’accès à des outils de diagnostic adéquats et utilisables sur les lieux d’intervention tels que les hôpitaux ou les cliniques afin d’informer les processus de décision et ainsi éviter la prescription inadaptée d’antibiotiques ;
    • commander le recueil de données sur l’usage d’antibiotiques, les prescriptions, les prix, les profils de résistance et les échanges commerciaux, tant dans le domaine de la prestation de soins de santé que dans celui de l’agriculture. Ces données devraient être mises à la disposition du grand public ;
    • appuyer la mise en œuvre de programmes efficaces de gestion antimicrobienne et de formation au bon usage des agents antimicrobiens et à la lutte contre les infections ;
    • poursuivre activement le déploiement d’un système de surveillance national de fourniture des antimicrobiens et de la résistance aux antimicrobiens. Les données issues de ce système devraient être comparées ou intégrées à celles du réseau mondial de veille de l’OMS.
    • Le suivi de l’utilisation d’antimicrobiens dans l’élevage et la production alimentaire doit être suffisamment précis pour assurer l’obligation de rendre des comptes.
  2. Les membres constituants devraient :
    • encourager les facultés de médecine et les programmes de formation continue à renouveler leurs efforts pour former les médecins à l’emploi approprié des antibiotiques, y compris à leur utilisation en pratique ambulatoire et aux bonnes pratiques de lutte contre les infections. Les médecins pourront à leur tour informer le grand public ;
    • encourager la formation de leurs membres aux différents aspects de la résistance aux antimicrobiens, y compris la bonne gestion des antimicrobiens, leur bonne utilisation et les mesures de lutte contre les infections, y compris l’hygiène des mains ;
    • plaider pour la publication et la communication d’informations locales relatives aux modèles de résistance, aux directives cliniques et aux options de traitement recommandées aux médecins ;
    • en collaboration avec les autorités vétérinaires, encourager les gouvernements à restreindre, par des mesures règlementaires, l’utilisation des antibiotiques dans l’agriculture, notamment l’élevage, y compris leur emploi à des fins de prophylaxie et de stimulation de la croissance et à n’autoriser que les catégories d’antimicrobiens essentiels en médecine humaine ;
    • soutenir une règlementation qui empêche les conflits d’intérêts entre vétérinaires lorsque ces derniers sont à la fois prescripteurs et vendeurs d’antibiotiques;
    • envisager d’utiliser les réseaux sociaux pour informer le grand public et promouvoir les bonnes utilisation et élimination des antibiotiques ;
    • encourager les parents à respecter pour leurs enfants les calendriers de vaccination recommandés. Les adultes également devraient avoir facilement accès aux vaccins contre la grippe et les infections à pneumocoque, entre autres.

Au niveau local

  1. Les professionnels de la santé et les systèmes de santé ont un rôle essentiel à jouer dans la préservation des médicaments antimicrobiens.
  2. Les médecins devraient :
    • avoir accès à des informations exactes, fiables, scientifiquement fondées et exemptes de tout conflit d’intérêts et mener, ou à tout le moins participer activement aux programme de bonne gestion mis en place par les hôpitaux, les cliniques et les autorités pour améliorer l’utilisation des antibiotiques ;
    • sensibiliser leurs patients à l’antibiothérapie, à ses risques et ses avantages, à l’importance du strict respect du traitement prescrit, aux bonnes pratique de prévention des infections et aux problèmes que pose la résistance aux antibiotiques ;
    • promouvoir les mesures d’hygiène (notamment d’hygiène des mains) et les autres mesures de prévention des infections et assurer qu’elles sont respectées.

 

adoptée par la 58ème Assemblée Générale de l’AMM, Copenhague, Danemark, octobre 2007
réaffirmée par la 206ème Session du Conseil de l’AMM, Livingstone, Zambia, avril 2017
et supprimée par la 73ème Assemblée Générale de l’AMM, Berlin, Allemagne, octobre 2022

PREAMBULE

Au vu des informations et des rapports sur la violation systématique et répétée des droits de l’homme, le non respect du droit à la santé au Zimbabwe, l’incapacité à fournir des ressources essentielles pour la délivrance des soins médicaux basiques, la dégradation de l’état de santé de la population du Zimbabwe, les doubles loyautés et les menaces à l’encontre du personnel de santé tentant de préserver son indépendance clinique, le refus d’accès aux soins pour les personnes accusées d’être associées aux partis politiques d’opposition et l’augmentation de la torture organisée par l’état, l’AMM souhaite réitérer son soutien et son engagement sur les points suivants :

  • L’attachement au principe de l’Organisation Mondiale de la Santé « la possession du meilleur état de santé qu’il est capable d’atteindre constitue l’un des droits fondamentaux de tout être humain »
  • La défense de l’objectif fondamental des médecins qui est de soulager la détresse des patients et de ne pas laisser les considérations personnelles, collectives ou politiques prévaloir sur cet objectif
  • Le soutien de la fonction des médecins qui est de placer les droits de l’homme au premier plan de leurs obligations professionnelles vis-à-vis des patients
  • Le soutien des médecins persécutés pour fidélité à l’éthique médicale

RECOMMANDATION

Dans ces conditions, l’Association Médicale Mondiale consciente de l’effondrement du système de soins et de la crise sanitaire du Zimbabwe, fait appel à ses associations médicales nationales pour :

  1. Dénoncer publiquement les abus en matière de droits de l’homme et les violations du droit à la santé au Zimbabwe
  2. Protéger activement les médecins menacés ou intimidés pour leurs actions conformes à leurs obligations éthiques et professionnelles
  3. S’associer à l’association médicale du Zimbabwe (ZiMA) afin de garantir l’autonomie de la profession médicale au Zimbabwe
  4. Demander et aider la ZiMA à faire appel à une mission d’inspection internationale au Zimbabwe, en tant que mesure d’urgence pour s’occuper de la santé et des besoins sanitaires de la population du Zimbabwe.

De plus, l’AMM encourage la ZiMA, en tant que membre de l’AMM, à:

  1. Confirmer son adhésion aux Déclarations de l’AMM de Tokyo, de Hambourg et de Madrid ainsi qu’à la prise de position de l’AMM sur l’accès aux soins de santé.
  2. Faciliter un environnement où toute la population du Zimbabwe a un accès identique à des soins et à des traitements médicaux de qualité, quelle que soit son affiliation politique.
  3. S’engager à éradiquer la torture et les traitements inhumains et dégradants infligés à la population du Zimbabwe
  4. Réaffirmer sa défense de l’indépendance clinique des médecins qui soignent tous les citoyens du Zimbabwe
  5. Obtenir et à diffuser des informations véridiques et nécessaires sur l’état des services de santé au Zimbabwe
  6. Plaider pour que les droits de l’homme fassent partie du cursus médical tout comme les obligations éthiques des médecins qui sont de conserver une totale indépendance clinique vis-à-vis des patients en situation vulnérable.

L’AMM encourage la ZimA à rechercher de l’aide pour réaliser ce qui précède en se rapprochant de l’AMM, de l’Association Médicale du Commonwealth et des AMM des pays voisins ainsi qu’à donner des informations régulières sur les progrès accomplis.

Adoptée par la 57ème Assemblée Générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud, octobre 2006
et révisée par la 67e Assemblée Générale, Taipei, Taiwan, octobre 2016

PREAMBULE

L’obésité a été reconnue comme l’une des questions de santé les plus importantes à laquelle se trouve confronté le monde au 21è siècle. Elle touche tous les pays et groupes socio-économiques et absorbe une part importante des ressources de santé.

L’obésité des enfants est de plus en plus préoccupante et s’avère comme une épidémie croissante.

L’obésité a des origines complexes liées aux changements économiques et sociaux de la société et également à l’environnement obésogénique dans lequel vit une grande partie de la population.

L’AMM demande donc aux médecins de mettre à profit leur rôle de leaders afin que les autorités sanitaires nationales fassent de la lutte contre l’obésité une priorité en instaurant des politiques adaptées culturellement et en fonction de l’âge et en impliquant les médecins et les autres parties ayant un rôle clé.

L’AMM RECOMMANDE QUE LES MEDECINS :

  • Contribuent à faire évoluer la société afin que cette dernière favorise un environnement propice à des choix alimentaires sains et à des exercices ou des activités physiques régulières pour tous les individus, en se focalisant spécialement sur les enfants;
  • Expriment leur inquiétude, à titre individuel et au travers des associations médicales, au sujet d’un abus de la télévision et des jeux vidéo qui empêchent l’activité physique chez les enfants et les adolescents dans de nombreux pays ;
  • Encouragent les individus à faire des choix sains et conseillent les parents pour qu’ils aident leurs enfants à en faire autant;
  • Reconnaissent la valeur d’une décision personnelle et l’influence néfaste exercée par l’environnement actuel ;
  • Sachent que la collecte et l’évaluation des données peuvent contribuer à une gestion de l’obésité basée sur la preuve et qu’elles doivent faire partie du dépistage médical de routine et des examens tout au long de la vie ;
  • Encouragent le développement de compétences psychosociales favorisant pour tous un mode de vie sain et une meilleure connaissance par le public de la diététique, de l’exercice et des dangers du tabac et de l’abus d’alcool;
  • Plaident en faveur de professionnels formés en la matière qui exerceront dans les établissements scolaires en soulignant l’importance de l’éducation sur des modes de vie sains dès le plus jeune âge ;
  • Participent à la mise au point de meilleurs outils d’évaluation et de banques de données permettant des interventions mieux ciblées et plus justes;
  • Veillent à ce que l’obésité, ses causes et sa prise en charge fassent toujours partie des programmes de formation continue destinés au personnel de santé, y compris les médecins ;
  • Fassent usage de la pharmacothérapie et de la chirurgie de l’obésité conformément aux directives basées sur la preuve et avec une évaluation des risques et des bénéfices liés à de telles thérapies.

Adoptée à la 57e Assemblée Générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud, Octobre 2006
et supprimeée par la 67e Assemblée générale de l’AMM, Taipei, Taiwan, Octobre 2016

CONSCIENTE que la prise de position de l’AMM sur VIH/SIDA et la Profession médicale a été adoptée à l’Assemblée Générale de l’AMM à Pilanesberg, Afrique du Sud, le 14 Octobre 2006 ; et

ATTENDU que les statistiques alarmantes fournies par ONUSIDA font état de près de 37-38 millions de personnes infectées dans le monde par le VIH, que le nombre augmente chaque jour et que 60% d’entre elles vivent en Afrique Sub-saharienne ; et

CONSTATANT qu’il existe des méthodes basées sur la preuve pour prévenir la propagation de l’infection ainsi que des thérapies pour prolonger la vie ; dans ces conditions

L’AMM demande instamment aux gouvernements de travailler en étroite collaboration avec les professionnels de la santé et leurs organisations représentatives pour identifier et mettre en œuvre des mesures essentielles afin d’assurer :

  1. Que tous les efforts sont faits pour prévenir la propagation du VIH/SIDA ; et
  2. Que le diagnostic, le conseil et le traitement des patients VIH/SIDA soient assurés uniquement par des médecins et du personnel médical dûment formés, conformément aux principes établis et basés sur la preuve ; et
  3. Que les patients reçoivent des informations précises, pertinentes et complètes afin qu’ils puissent prendre des décisions éclairées sur leur traitement médical ; et
  4. Que les obstacles empêchant les personnes de procéder à un test et de suivre un traitement soient identifiés et supprimés.

L’AMM invite les AMN à faire usage de cette résolution auprès de leurs gouvernements, de leurs patients et du public, dans le cadre de leurs efforts de protection et de défense des patients.

14.10.2006

Adoptée par la 40e Assemblée Médicale Mondiale Vienne (Autriche), Septembre 1988,
révisée par la 57e Assemblée Générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud, Octobre 2006
et réaffirmée par la 203e Session du Conseil de l’AMM, Buenos Aires, Argentine, Avril 2016 

 

INTRODUCTION

  1. 1. L’exercice efficace de la médecine exige de plus en plus que les médecins et leurs associations professionnelles abordent les questions environnementales qui ont un lien avec l’état de santé des individus et des populations.
  2. Plus que jamais, en raison de la diminution des ressources naturelles, ces questions portent sur la qualité et la protection des ressources nécessaires à la sauvegarde de la santé et de la vie proprement dite. En termes concrets, les questions environnementales clés sont les suivantes :
    1. la dégradation de l’environnement qui doit être considérée comme une urgence à traiter afin que les ressources essentielles à la vie et à la santé – l’eau et l’air pur – demeurent accessibles à tous.
    2. La contamination continuelle de nos réserves d’eau pure par les hydrocarbures et les métaux lourds, tout comme la contamination de l’air ambiant et de l’air à l’intérieur par des agents toxiques qui ont de graves conséquences, notamment sur les classes les plus pauvres du globe. De plus, l’effet de serre avec son corollaire la hausse des températures doit guider nos débats et nous préparer aux conséquences toujours plus graves sur l’environnement et la santé publique.
    3. La nécessité de contrôler sans cesse l’utilisation des ressources non renouvelables telle que la couche arable (topsoil) tout comme l’importance de préserver cet héritage vital pour le transmettre aux générations futures.
    4. La nécessité de mobilier les ressources au-delà des frontières nationales et de coordonner des solutions globales pour la planète et établir ainsi une stratégie uniforme afin de faire face aux problèmes médicaux et économiques touchant le monde entier.
    5. L’objectif premier est de sensibiliser sans cesse à la nécessité de maintenir l’équilibre vital entre d’une part les ressources environnementales et d’autre part les éléments biologiques qui est essentiel pour la santé de tous partout dans le monde.
  3. Aujourd’hui, nous sommes davantage conscients mais nous n’avons pas su prévenir l’impact négatif et toujours plus nuisible de notre société sur l’environnement, comme par ex. la fonte des glaciers et la désertification croissante. Nous n’avons pas non plus stoppé la surexploitation des ressources naturelles qui entraîne entre autres la pollution des rivières et des mers, la pollution de l’air, la déforestation et la diminution de la terre arable. Dans ce contexte, la migration des populations des pays démunis ou en voie de développement, couplée à l’apparition de nouvelles maladies, exacerbe l’absence de politiques socio-économiques dans de nombreux endroits du monde. Sur un plan médical, la croissance de la population et la destruction irresponsable de l’environnement sont inacceptables et les organisations médicales du monde entier doivent redoubler d’efforts, non seulement pour parler de ces problèmes mais aussi pour suggérer des solutions.

PRINCIPES

  1. En tant qu’éléments de représentation des médecins, les associations médicales se doivent d’examiner ces questions environnementales. Elles ont le devoir de fournir des études analytiques incluant l’identification des problèmes et les législations internationales actuelles sur les questions environnementales, tout comme leur impact dans le domaine de la santé.
  2. Les médecins exercent dans un cadre éthique et déontologique et la législation sur l’environnement qu’ils défendent ne doit pas avoir pour objectif de limiter l’autonomie individuelle mais plutôt d’enrichir la qualité de vie de tous et de perpétuer toutes les formes de vie sur la planète.
  3. L’AMM doit donc agir comme une plateforme internationale pour la recherche, l’éducation et la défense des intérêts afin de contribuer à préserver l’environnement et son potentiel en matière de santé.
  4. Ainsi, lorsque de nouvelles maladies ou syndromes liés à l’environnement sont identifiés, l’AMM doit aider à coordonner les débats scientifiques/médicaux sur les données disponibles et sur leurs implications pour la santé humaine. Elle doit favoriser un mode de pensée consensuel au sein de la médecine et encourager les mesures préventives, la précision des diagnostics et des traitements de ces désordres qui apparaissent.
  5. L’AMM doit donc établir un cadre pour la coordination internationale des associations médicales, des ONG, des chercheurs cliniciens, des organisations de santé internationales, des décideurs et des mécènes dans leur travail d’étude sur l’impact sanitaire des problèmes environnementaux, sur leur prévention, sur leur résolution ainsi que sur le traitement des individus et des communautés.

Adoptée par la 47e Assemblée générale de l’AMM, Bali, Indonésie, Septembre 1995 et
révisée par la 57e Assemblée Générale, Pilanesberg, Afrique du Sud, Octobre 2006
et par la 67e Assemblée Générale, Taipei, Taiwan, Octobre 2016

La santé d’une communauté ou d’une population se définit par plusieurs facteurs qui vont au-delà des causes traditionnellement comprises de la maladie. Les déterminants sociaux de la santé  comportent des facteurs qui touchent aux choix de mode de vie, aux facteurs qui affectent l’environnement physique, psychosocial et environnemental dans lequel vivent les individus et aux facteurs qui affectent les services de santé mis à la disposition des personnes. La santé publique implique le contrôle, l’évaluation et la planification d’un ensemble de programmes et d’activités ciblés sur les besoins identifiés de la population. Le secteur public devrait  pouvoir accomplir ce rôle efficacement afin d’optimiser la santé collective. Une composante clé de la politique de santé publique devrait être l’intégration et l’égalité en matière de santé, les agences de santé publique doivent être particulièrement attentives aux populations et communautés dont les conditions sociales, économiques et politiques leur font courir davantage de risques sanitaires qu’à la population en général.

Les médecins et leurs associations professionnelles ont une responsabilité éthique et professionnelle de toujours agir dans le plus grand intérêt des patients. Cela implique de collaborer avec les agences de santé publique pour intégrer les soins médicaux des patients individuels en promouvant plus largement la santé du public.

Les fonctions clés des agences de santé publique sont les suivantes :

Promotion de la santé :

  • Travailler avec les prestataires de santé afin d’informer le public en général et lui permettre de participer activement à la prévention et au contrôle des maladies, en adoptant des modes de vie sains et en utilisant les services médicaux de manière adéquate;
  • Veiller à ce que les conditions contribuant à une bonne santé, entre autres des services médicaux de grande qualité, un approvisionnement en eau potable, une bonne alimentation, une atmosphère non polluée tout comme des possibilités d’activités physiques et récréatives, soient disponibles pour toute la population ;
  • Travailler avec les autorités publiques responsables pour créer une politique publique saine et un contexte favorable à des choix de vie sains et développer un capital humain et social.

Prévention :    garantir un accès au dépistage, aux autres services de prévention et aux soins pour toute la population.

Protection : contrôler et protéger la santé des communautés contre les maladies transmissibles et l’exposition aux polluants toxiques, les risques professionnels, les produits nocifs et les services de santé de mauvaise qualité. Il faut pour cela fixer des priorités, établir des programmes de première nécessité, se procurer les ressources nécessaires et garantir l’existence des services de laboratoires de santé publique nécessaires.

Surveillance: identifier l’apparition de maladies infectieuses et les caractéristiques des maladies chroniques, établir des programmes de prévention ou de contrôle appropriés;

Evaluation de la santé de la population : évaluer les besoins sanitaires de la population, organiser les ressources disponibles pour répondre à ces besoins et élaborer une politique sanitaire en réponse aux besoins des communautés et de la nation.

Les programmes et actions spécifiques menés dans chaque juridiction (locale ou nationale) dépendront des problèmes et des besoins identifiés, de l’organisation du système de santé, de la nature et des objectifs, des différents partenariats mis en place et des ressources disponibles pour répondre aux besoins identifiés.

Les agences de santé publique bénéficient largement du soutien et de l’étroite collaboration des médecins et de leurs associations professionnelles. La santé d’une communauté ou d’une nation se mesure à la santé de tous ses citoyens. Les problèmes de santé qui touchent une personne et que l’on peut éviter affectent la santé et les ressources de l’ensemble de la communauté. L’efficacité de nombreux programmes de santé publique dépend donc de la collaboration active des médecins et de leurs associations professionnelles avec les agences de santé publique et les autres agences gouvernementales ou non gouvernementales.

Le secteur médical et le secteur de la santé publique devraient collaborer efficacement sur la diffusion des informations de santé publique et des programmes éducatifs qui assurent la promotion de modes de vie sains et réduisent les risques sanitaires y compris ceux liés au tabac, à l’alcool et aux autres drogues, à une vie sexuelle augmentant les risques de transmission du VIH et des maladies sexuellement transmissibles, à une mauvaise diététique et à l’absence d’activités physiques, à une immunisation incorrecte pendant l’enfance. Par exemple, l’éducation en matière de santé peut grandement réduire la morbidité et la mortalité infantiles (entre autres en encourageant l’allaitement maternel et en éduquant les parents sur la diététique, le tout avec une assistance au travail et au sein de  la communauté).

Les agences de santé publique sont officiellement avant tout chargées de la surveillance des   maladies, de l’investigation et du contrôle. Ces activités ne peuvent pas être menées à bien sans la coopération et le soutien actifs  des médecins au niveau communautaire. Ces derniers connaissent la typologie des maladies individuelles et communautaires et peuvent donc avertir rapidement les autorités sanitaires des problèmes nécessitant de plus amples recherches ou des décisions. Par exemple, les médecins peuvent aider à identifier les populations à hauts risques dans les cas de maladies comme la tuberculose et signaler les cas de maladies contagieuses comme la rougeole, la coqueluche ou certaines causes infectieuses de diarrhées tout comme les expositions au plomb ou à d’autres produits chimiques et substances toxiques au sein de la communauté ou sur le lieu de travail. Une collaboration étroite  entre les agences de santé publique et les médecins ainsi qu’avec les autres professionnels de santé est indispensable pour un suivi efficace des maladies.

Indépendamment de l’efficacité des programmes de santé publique existants dans une juridiction, les associations médicales professionnelles devraient être conscientes des besoins sanitaires non satisfaits dans leurs communautés et les nations devraient prôner des actions, des programmes et des ressources pour répondre à ces besoins. Ces efforts pourraient porter sur des domaines tels que l’éducation publique pour la promotion de la santé et la prévention des maladies, la gestion et le contrôle des dangers liés à l’environnement, l’identification et l’information sur les effets néfastes pour la santé des problèmes sociaux tels que la violence interpersonnelle ou les pratiques sociales nuisibles, l’identification et la promotion des services permettant d’améliorer la préparation aux traitements d’urgence.

Dans les juridictions où les services de santé de base sont insuffisants, les associations médicales doivent travailler avec les autres agences et groupes de santé afin d’établir des priorités de défense et d’action. Par exemple, dans un pays ou une région aux ressources limitées n’offrant ni eau potable ni réseau d’assainissement à la plupart de ses habitants, ces besoins devront être prioritaires sur les technologies médicales qui ne profiteraient qu’à une petite partie de la population.

Certains problèmes de santé sont extrêmement complexes et comportent des réponses à plusieurs niveaux. Par exemple, les personnes ayant un taux élevé de plomb dans le sang nécessitent certes un traitement médical approprié mais il faut aussi déterminer la source de la contamination et prendre des mesures pour  éliminer le danger. Parfois, les politiques favorisant la santé publique inquiètent en raison de leur impact possible sur le plan économique. Par exemple, les vives réactions face à l’impact économique potentiel des politiques anti- tabac peuvent provenir de régions ou de groupes qui tirent d’importants revenus de la culture ou de la transformation du tabac Cependant, les préoccupations économiques ne doivent pas entraver un programme vigoureux de défense de la santé publique combattant la consommation du tabac. La promotion du tabac sous toutes ses formes devrait faire l’objet d’une opposition vigoureuse. Tous les efforts devraient être entrepris  pour réduire la consommation du tabac dans les pays développés et les pays en voie de développement.

Les médecins et leurs associations devraient collaborer avec les autorités politiques et les autres organisations pour encourager les média à envoyer des messages positifs pour l’éducation sanitaire ayant trait à la diététique, à la consommation de drogues, aux maladies sexuellement transmissibles, aux risques cardiovasculaires etc.

Les associations médicales devraient demander à leurs membres de bien informer les patients de l’existence de services de santé publique.

Adoptée par la 67e Assemblée Générale de l’AMM, Taipei, Taiwan, Octobre 2016

PRÉAMBULE

L’obésité infantile est une maladie touchant de nombreux enfants et émergeant comme une épidémie croissante. En raison de sa prévalence en augmentation et de son impact immédiat et à long terme sur la santé, l’obésité infantile devrait être considérée comme très préoccupante pour la santé publique. L’augmentation de l’obésité infantile peut être attribuée à de nombreux facteurs :

  • De récentes études montrent que la publicité alimentaire ciblée sur les enfants influence beaucoup   les tendances d’achat et les préférences alimentaires des ménages dans le monde entier. Les offres spéciales, les réductions de prix à court terme et d’autres promotions sur les prix ainsi que la publicité sur les réseaux sociaux et les réseaux traditionnels, tout cela joue un rôle sur la demande de produits.
  • De nombreuses publicités sont en conflit avec les recommandations diététiques des instances médicales et scientifiques. Les publicités à la TV sur les produits alimentaires avec peu ou aucune valeur nutritionnelle sont souvent programmées à des heures de grande écoute des enfants et visent à encourager le désir de manger sans corrélation avec la faim. Les publicités accentuent la réponse émotionnelle des enfants à la nourriture et exploitent leur confiance. Ces méthodes et techniques sont également utilisées dans les média non traditionnels tels que les réseaux sociaux, les jeux vidéo et les sites internet destinés aux enfants.
  • Les mauvais choix alimentaires conjointement à un mode de vie malsain et à un manque d’exercice contribuent à l’obésité infantile. De nos jours le mode de vie sédentaire est le facteur prédominant dans le monde développé. Les enfants aujourd’hui n’ont jamais passé autant de temps devant les écrans et sont rarement actifs sur le plan physique.
  • Les entreprises et groupes alimentaires internationaux ne sont pas toujours soumis aux réglementations régionales concernant l’étiquetage des aliments. La recherche de profits peut se faire au dépend de la responsabilité de l’entreprise en matière d’environnement et de santé publique.
  • Les aliments contenant beaucoup de sucre, de graisses et de sel peuvent être addictifs, notamment lorsqu’ils sont combinés avec des exhausteurs de goût. Dans certains pays, les ingrédients ne sont pas tous mentionnés sur les étiquettes alimentaires et souvent les fabricants de produits alimentaires refusent de publier des données sur les méthodes destinées à maximaliser la consommation de leurs produits. Les gouvernements devraient exiger que tous les ingrédients des produits alimentaires soient clairement mentionnés sur les étiquettes y compris ces ingrédients brevetés destinés à augmenter la consommation du produit.
  • Les disparités socio-économiques sont également en corrélation avec l’augmentation de l’obésité infantile en hausse.  Le lien entre le fait de vivre dans la pauvreté et l’obésité précoce des enfants  continue d’affecter la santé une fois dans la vie adulte.[1]  L’exposition aux agents contaminants dans l’environnement, la rareté des checkups médicaux, un accès insuffisant aux aliments nourrissants et une activité physique limitée    mènent  à l’obésité et à d’autres maladies chroniques   plus fréquemment observées parmi les enfants vivant dans la pauvreté.

RECOMMANDATIONS

  1. Un programme complet est nécessaire pour lutter contre l’obésité dans tous les segments de la population, avec une attention particulière accordée aux enfants. L’approche doit inclure des initiatives sur le prix et la disponibilité des aliments nourrissants, l’éducation, la publicité et le marketing, les informations, l’étiquetage et d’autres particularités régionales et nationales. Une approche similaire à celle du tabac dans la Convention Cadre pour la lutte anti-tabac est préconisée.
  1. Des études au niveau mondial soulignent l’importance d’adopter une approche intégrée de l’éducation et de la promotion de la santé. Investir dans l’éducation est la clé pour réduire la pauvreté, améliorer la santé de la population et générer des bénéfices économiques.
  2. Une éducation de qualité proposée dans des structures formelles aux enfants âgés de 2 à 3 ans, combinée avec des   activités enrichissantes pour les parents et un approvisionnement suffisant en aliments nourrissants contribuent à réduire le taux d’obésité des adolescents et limitent les conséquences sanitaires tout au long de la vie.
  3. Les gouvernements devraient investir dans l’éducation ayant trait à la conception des menus, aux achats alimentaires y compris à l’établissement du budget, au stockage et à la préparation afin que les personnes soient mieux équipées pour planifier leur apport alimentaire.
  4. Les gouvernements devraient tenter de réglementer la disponibilité des aliments à faible valeur nutritionnelle par une série de méthodes incluant le prix. Il faudrait être attentif à la proximité des écoles de magasins vendant des aliments de faible qualité nutritionnelle. Là où cela est possible, les gouvernements et les autorités locales devraient chercher à gérer la densité de tels magasins dans les zones scolaires.
  5. Les gouvernements et les autorités locales devraient subventionner et encourager les activités assurant la promotion d’un bon état de santé parmi leurs résidents y compris en leur fournissant des espaces sûrs pour marcher ou faire de la bicyclette.
  6. Les gouvernements devraient envisager d’imposer des taxes sur les aliments non nourrissants et les boissons sucrées et utiliser les revenus ainsi perçus pour financer la recherche et les études épidémiologiques destinées à prévenir l’obésité infantile et à réduire les risques de maladies.
  7. Les ministres de la santé et de l’éducation devraient réglementer les aliments et les boissons vendus et servis dans les écoles.
  8. Etant donné le lien scientifiquement prouvé entre la consommation médiatique et les effets néfastes sur le poids corporel des enfants, l’AMM recommande que la publicité des produits non nourrissants soit limitée pendant les programmes de télévision et d’autres formes de média ciblés sur les enfants.
  9. Les gouvernements devraient travailler avec des spécialistes de la santé indépendants pour établir des conseils alimentaires et nutritionnels, sans implication aucune de l’industrie des aliments et des boissons.
  10. Les gouvernements et les autorités locales devraient subventionner et encourager les activités assurant une bonne santé  parmi leurs résidents y compris en leur fournissant des espaces sûrs pour marcher, faire de la bicyclette et pratiquer d’autres activités physiques. 
  11. Les écoles devraient inclure une activité physique tous les jours. Il devrait être possible pour tous de participer à des activités sportives quelle que soit leur situation économique.
  12. Les Associations Médicales Nationales devraient soutenir ou développer de directives et de recommandations reflétant les connaissances actuelles en matière de prévention et de traitement de l’obésité infantile.
  13. Les Associations Médicales Nationales devraient sensibiliser davantage le public sur l’obésité des enfants et souligner la nécessité de lutter contre la prévalence croissante de l’obésité et son fléau sanitaire et économique.
  14. Les cliniques et les organisations de santé devraient employer des professionnels bien formés pour proposer des cours et des consultations afin de savoir choisir la bonne dose d’aliments nourrissants et atteindre un niveau optimal d’activité physique pour les enfants. Elles devraient aussi veiller à ce que leurs locaux soient exemplaires en matière d’aliments sains proposés.
  15. Les écoles devraient employer des professionnels bien formés qui enseignent des modes de vie sains dès le jeune âge et permettre à tous les enfants, quel que soit leur milieu social, de pratiquer des activités physiques régulières.
  16. Les médecins devraient guider les parents et les enfants sur la manière d’avoir un mode de vie sain et souligner l’importance d’un tel mode de vie. Ils doivent identifier dès que possible l’obésité de leurs patients, notamment celle des enfants. Ils devraient adresser les patients obèses à des services appropriés dès que possible et assurer des suivis réguliers.
  17. Les médecins et les professionnels de santé devraient être éduqués sur le plan diététique, sur la prévention et le traitement de l’obésité. Cela pourrait se faire en renforçant la formation permanente axée sur la médecine nutritionnelle.

Adoptée par la 56e Assemblée générale de l’AMM, Santiago 2005
Et supprimée par la 68e Assemblée générale de l’AMM, Chicago, USA, 2017

Préambule

  1. La consommation d’alcool est solidement enracinée dans beaucoup de sociétés. En général, 4% de l’ensemble des maladies sont imputables à l’alcoolisme, ce qui représente à l’échelle mondiale un nombre de décès et d’invalidités a peu près égal à celui du tabagisme ou de l’hypertension. Il existe généralement un rapport de causalité entre la consommation d’alcool et plus de 60 types de maladies et d’accidents, y compris les accidents de la route. La consommation d’alcool est le premier facteur de risque de maladies dans les pays en développement à faible mortalité et le troisième dans les pays développés. Outre les nombreux effets chroniques et dommageables pour la santé, la consommation d’alcool a de vastes conséquences sociales, mentales et psychologiques. Le nombre de cas de morbidité et de mortalité liés à la consommation d’alcool dans le monde est considérable.
  2. Les problèmes liés à la consommation d’alcool procèdent d’une interaction complexe entre la consommation individuelle de boissons alcoolisées et le milieu culturel, économique, physique, politique et social environnant.
  3. L’alcool ne peut être considéré comme une boisson ou produit de consommation ordinaire étant donné qu’il provoque des préjudices médicaux, psychologiques et sociaux importants par la toxicité, l’intoxication et l’indépendance physique. Il est de plus en plus manifeste que la vulnérabilité génétique à l’alcool est un facteur de risque pour certaines personnes. Le syndrome de l’alcool fœtal et les effets de l’alcool sur le fœtus, causes évitables de débilité mentale, peuvent être dus à une consommation d’alcool pendant la grossesse. Un nombre croissant de preuves scientifiques fait apparaître les effets préjudiciables de la consommation d’alcool avant l’âge adulte sur les fonctions cérébrales, mentales, comportementales et sociales des jeunes et la probabilité accrue de dépendance à l’alcool et de problèmes liés à l’alcool parmi les personnes qui s’adonnent à la boisson avant la maturité physiologique. Une consommation régulière et une surconsommation d’alcool chez les adolescents peuvent nuire aux performances scolaires, augmenter la criminalité et porter atteinte aux performances et au comportement sexuels.
  4. La publicité et la promotion de l’alcool se développent rapidement partout dans le monde et leurs cibles sont l’objet de recherche et d’attention accrues, y compris au niveau de la jeunesse. Elles ont pour objectif d’attirer, d’influencer et de gagner de nouvelles générations de buveurs potentiels en dépit des codes d’autorégulation commerciale qui sont largement ignorés et souvent pas appliqués.
  5. Une politique sociale appropriée doit permettre de mettre en place des mesures qui contrôlent l’approvisionnement de l’alcool et/ou qui concernent la demande de boissons alcoolisées d’une large part de la population. Des politiques générales énonceront des mesures juridiques pour contrôler l’offre et la demande, contrôler l’accès à l’alcool (selon l’âge, le lieu et l’heure), éduquer le public et fournir un traitement à ceux qui ont besoin d’aide, imposer des taxes sur les prix et régler les problèmes générés par la consommation d’alcool et les stratégies de réduction de préjudices destinées à limiter les problèmes liés à l’alcool, comme la conduite en état d’ivresse ou la violence domestique.
  6. Les problèmes d’alcool sont en étroite corrélation avec la consommation par habitant de sorte qu’une réduction de la consommation peut provoquer une diminution des problèmes d’alcool. Etant donné que l’alcool est un produit commercial, les ventes de boissons alcoolisées sont sensibles aux prix pratiqués, c’est-à-dire que la demande diminue lorsque les prix augmentent, et vice versa. Les prix peuvent subir l’influence des taxes et des pénalisations infligées pour ventes et activités promotionnelles inappropriées. Ces mesures ont même des effets sur les gros buveurs et sont particulièrement efficaces chez les jeunes.
  7. Les gros buveurs et les personnes ayant des problèmes liés à l’alcool ou à la dépendance à l’alcool sont à l’origine de la plupart des problèmes résultant de la consommation d’alcool. Cependant, dans la plupart des pays, la majorité des problèmes liés à l’alcool dans une population sont liés aux boissons nuisibles ou dangereuses que prennent des buveurs « mondains » non dépendants, notamment lorsqu’ils sont intoxiqués. C’est surtout un problème rencontré parmi les jeunes dans de nombreuses régions du monde qui boivent avec pour objectif de s’intoxiquer.
  8. Bien que la recherche ait observé que les taux de consommation d’alcool peu élevés dans certaines populations avaient des effets positifs limités sur la santé, il importe de mettre ces résultats en balance avec les préjudices potentiels liés à la consommation d’alcool dans ces mêmes populations ainsi que dans l’ensemble de la population.
  9. Ainsi, les approches, établies sur la base d’une population, qui ont un effet sur l’environnement social de la boisson et la disponibilité des boissons alcoolisées sont plus efficaces que les approches individuelles (comme l’éducation) pour prévenir les problèmes et les maladies liés à l’alcool. Il apparaît que les politiques sur l’alcoolisme qui modifient les habitudes de consommation d’alcool en imposant des limitations d’accès et en décourageant les jeunes gens de boire, notamment en fixant un âge légal minimum d’achat de boissons, sont particulièrement susceptibles de réduire les préjudices. Les lois promulguées dans le but de réduire le taux minimal d’alcoolémie pour les conducteurs et de contrôler le nombre de points de vente ont été efficaces pour diminuer les problèmes d’alcool.
  10. Ces dernières années, les restrictions imposées à la production, la commercialisation de masse et les habitudes de consommation d’alcool ont quelque peu perdu de leur poids, ce qui a eu pour effet de d’accroître la disponibilité et l’accès aux boissons alcoolisées et de modifier les modes de consommation d’alcool dans le monde. Il en est résulté un problème de santé mondiale qui demande l’intervention urgente des gouvernements, des citoyens, des médecins et des services de santé.

Recommandations

L’AMM invite instamment les associations médicales nationales et les médecins à prendre les mesures suivantes pour réduire l’impact de l’alcoolisme sur la santé et la société:

  1. Recommander des politiques nationales globales qui
    1. prévoient des mesures pour éduquer le public sur les dangers d’une consommation d’alcool inconsidérée et malsaine (par des quantités dangereuses sous l’effet de la dépendance), y compris mais sans s’y limiter, de programmes pédagogiques ciblant la jeunesse;
    2. établir des dispositions législatives qui donnent la primauté au traitement ou prévoient des sanctions légales éprouvées qui dissuadent les personnes qui mettent les autres ou elles-mêmes en danger et
    3. mettre en place un système d’aide réglementaire, voire environnemental, qui encourage la santé de la population dans son ensemble.
  2. 12 Promouvoir les politiques nationales et régionales élaborées sur la base des « meilleures mesures » appliquées par les pays développés qui, sous réserve de modifications appropriées, peuvent aussi s’avérer efficaces dans les pays en développement. Il s’agit notamment de l’établissement d’un âge légal minimum d’achat, des politiques de ventes restrictives, de la limitation d’heures ou de jours de vente et du nombre de lieux de vente, de l’augmentation des taxes sur l’alcool et de la mise en place de mesures défensives efficaces sur la conduite en état d’ivresse (comme l’abaissement du taux minimal d’alcoolémie, l’application active des mesures de sécurité routière, l’alcootest inopiné et les interventions juridiques et médicales pour les conducteurs en état d’ébriété récidivistes).
  3. Connaître et contre attaquer les stratégies de contrôle de l’alcool non basées sur la preuve promues par l’industrie de l’alcool ou ses organisations à caractère social.
  4. Limiter la promotion, la publicité et la provision d’alcool pour les jeunes gens afin de réduire les pressions sociales dont ils peuvent faire l’objet pour consommer de l’alcool et soutenir la création d’un système de contrôle indépendant qui garantit le respect des règles publicitaires sur l’alcool, en matière de contenu et de présentation, énoncées dans les codes d’autorégulation du commerce de l’alcool.
  5. Collaborer avec les associations médicales nationales et régionales, les organisations de spécialités médicales, les groupes sociaux, religieux et économiques (y compris les organisations gouvernementales, scientifiques, professionnelles, non gouvernementales et bénévoles, le secteur privé et le secteur public) pour
    1. réduire la consommation d’alcool préjudiciable, notamment chez les jeunes, les femmes enceintes, sur le lieu de travail et au volant
    2. augmenter pour chacun les possibilités de consommer de l’alcool sans subir de contrainte et sans être soumis aux effets préjudiciables et malsains de l’alcoolisme des autres personnes et
    3. promouvoir les stratégies préventives éprouvées dans les écoles.
  6. A faire
    1. Dépister les patients présentant des troubles liés à la consommation d’alcool et des risques d’alcoolisme ou organiser la mise en place de tests de dépistage systématique par du personnel qualifié; utilisant des outils de dépistage ayant fait leurs preuves et utilisables dans la pratique clinique;
    2. Promouvoir le dépistage automatique/de masse au moyen de questionnaires permettant de sélectionner les patients qui ont besoin de consulter un fournisseur de soins pour évaluation;
    3. prévoir de brèves interventions pour motiver les buveurs à hauts risques à modérer leur consommation;
    4. assurer un traitement spécialisé, comprenant l’utilisation de produits pharmaceutiques basés sur la preuve, et une rééducation aux intoxiqués et une assistance à leurs familles.
  7. Encourager les médecins à faciliter la collection de données épidémiologiques et sanitaires sur l’impact de l’alcool.
  8. Promouvoir le développement d’une convention-cadre sur le contrôle de l’alcoolisme analogue à celle de l’OMS sur le contrôle du tabagisme, entrée en vigueur le 27 février 2005.
  9. De plus, afin de garantir les mesures de contrôle de l’alcoolisme actuelles et futures, recommander que l’alcool soit considéré comme un produit extraordinaire et que les mesures qui concernent la demande, la distribution, la vente, la promotion ou l’investissement dans les boissons alcoolisées, soient exclues des accords commerciaux internationaux.

Adoptée par la 53e Assemblée générale de l’AMM, Washington, Octobre 2002
et supprimée à l’Assemblée générale de l’AMM, Bangkok, Thaïlande, Octobre 2012 

PRÉAMBULE

  1. Le 2 décembre 2002, l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS) célèbrera son 100e anniversaire.
  2. L’OPS fut la première organisation de santé internationale à faire front commun contre la peste et autres maladies qui frappèrent l’hémisphère au tournant du siècle. Fondée par onze pays, sa première tâche fut alors d’éliminer la fièvre jaune et la malaria dans la zone du canal de Panama. Depuis lors, elle s’emploie avec ses Etats Membres à éliminer, voire réduire, la survenue de maladies épidémiques, notamment la variole, la polio et la rougeole.
  3. En 1924, la signature, par dix-huit pays, du Code sanitaire panaméricain lui permet d’élargir son rôle et ses responsabilités. Le code, qui s’applique encore aujourd’hui, fut tôt ou tard ratifié par toutes les républiques américaines et apparaît toujours comme l’une des grandes réalisations en matière de politique de santé.
  4. L’OPS est aujourd’hui une coalition qui représente 30% du territoire mondial et 14% de la population mondiale actuelle. Elle n’a jamais cessé d’accroître son influence. Son activité, initialement centrée sur le contrôle des maladies épidémiques est aujourd’hui étendue aux maladies non transmissibles, à l’amélioration de l’éducation sanitaire et à l’amélioration de l’environnement pour tous, et plus particulièrement les plus pauvres.
  5. L’objectif de l’OPS, tel qu’énoncé dans sa constitution, est resté le même : appuyer la collaboration des pays de l’hémisphère ouest dans leur lutte contre les maladies, pour la prolongation de la vie et la promotion de la santé physique et mentale de la population. La santé de l’hémisphère connaît aujourd’hui de nouvelles menaces qui, ajoutées aux anciennes, font que l’OPS est aujourd’hui encore plus que jamais une organisation importante.

RECOMMANDATIONS

  1. L’Association Médicale Mondiale recommande :
    1. que l’OPS soit félicitée pour sa contribution sans précédent à la santé dans le monde;
    2. que les associations médicales nationales envoient des lettres de félicitations à l’OPS à l’occasion de la commémoration du centenaire de sa création;
    3. que les associations médicales nationales de l’hémisphère ouest continuent d’apporter leur soutien à l’OPS dans sa mission d’améliorer la santé des populations dans l’hémisphère.

Adoptée par la 40ème Assemblée Médicale Mondiale, Vienne, Autriche, septembre 1988
Révisée par la 49ème Assemblée Générale de l’AMM, Hambourg, Allemagne, novembre 1997,
la 58ème Assemblée Générale de l’AMM, Copenhague, Danemark, octobre 2007,
la 62ème Assemblée Générale de l’AMM, Montevideo, Uruguay, octobre 2011
et la 73ème Assemblée générale de l’AMM, Berlin, Allemagne, octobre 2022

 

PRÉAMBULE

Plus de 80 % des 1,3 milliard de fumeurs à travers le monde vivent dans des pays à revenu faible ou moyen. La consommation de tabac nuit à chacun des organes du corps et constitue l’une des principales causes de cancer, de pathologies cardiaques, d’infarctus, de maladies respiratoires obstructives chroniques, d’anomalies fœtales et d’autres problèmes de santé. Les fumeurs ont jusqu’à 50 % plus de risques de développer une forme grave de Covid-19 et d’en mourir. Le tabac et ses produits dérivés sont à l’origine de huit millions de décès dans le monde chaque année. Le tabac tuera un milliard de personnes au cours du 21e siècle à moins d’une intervention efficace.

L’exposition au tabac se produit partout où du tabac est brûlé dans un espace clos. Il n’y a pas de niveau bénin au tabagisme passif qui cause des millions de décès chaque année. Le tabagisme passif est particulièrement nocif pour les enfants et les femmes enceintes. Le 29 mai 2007, l’OMS a appelé à une interdiction mondiale de fumer au travail et dans les lieux publics clos afin d’éliminer le tabagisme passif et d’encourager les gens à arrêter de fumer.

Le phénomène connu sous le nom de « fumée tertiaire » désigne l’imprégnation des surfaces intérieures par la nicotine et les autres résidus chimiques, qui peut persister longtemps après que la fumée se soit dissipée. Elle est de plus en plus reconnue comme un danger potentiel, notamment pour les enfants, qui non seulement peuvent inhaler, mais aussi ingérer ces résidus après avoir touché les sols, murs et meubles de la pièce.

Mesures de l’Organisation mondiale de la santé

Dans l’espoir de limiter les effets de la consommation de tabac, les États membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont adopté à l’unanimité la Convention-cadre pour la lutte antitabac (FCTC) en 2003. En vigueur depuis 2005, elle a été ratifiée par 182 pays, représentant plus de 90 % de la population mondiale. Renforcer la mise en œuvre de cette convention-cadre est l’une des cibles des Objectifs de développement durable (ODD) pour 2030 : c’est la cible 3a. L’AMM soutient depuis longtemps la FCTC de l’OMS (résolution de l’AMM sur l’application de la convention-cadre de l’OMS sur la lutte antitabac). Le Protocole pour éliminer le commerce illicite des produits du tabac, le premier protocole de la FCTC, a été adopté en 2012 pour faire face à la croissance du trafic international de produits du tabac. L’objet du protocole est l’élimination de toute forme de commerce illicite de produits du tabac, conformément à l’article 15 de la FCTC de l’OMS.

Produits nouveaux et émergents de la nicotine

La prise de position de l’AMM sur les cigarettes électroniques et les autres systèmes d’administration électronique de nicotine souligne la méconnaissance actuelle des risques associés à ces produits. L’utilisation de cigarettes électroniques par les jeunes a augmenté de manière spectaculaire : dans certains pays, elle est même devenue plus populaire que de fumer du tabac. La nicotine, quel que soit le mode d’exposition, peut nuire au développement du cerveau et conduire à une addiction.

Des formes nouvelles, ou remises au goût du jour, d’ingestion du tabac et de nicotine sont également en pleine croissance, en particulier :

  • le tabac soluble, sous forme de pastilles ressemblant à des bonbons qui contiennent du tabac et de la nicotine et que l’on mange, mâche ou suce jusqu’à leur dissolution ;
  • le snus, du tabac en poudre humide qui se consomme par voie orale contient des cancérigènes. Il se présente généralement en petits sachets;
  • les narguilés, une pipe à eau où l’on brûle un tabac aromatisé avec du miel, de la mélasse ou des fruits et dont la fumée est aspirée par un long tuyau. L’OMS signale que fumer le narguilé équivaut à fumer cent cigarettes, parce que fumer le narguilé prend généralement beaucoup de temps.
  • les bidîs, des cigarettes sans filtre et qui contiennent jusqu’à cinq fois plus de nicotine que les cigarettes ordinaires, ainsi que les cigarettes au clou de girofle (kreteks), qui contiennent plus de nicotine, de monoxyde de carbone et de goudron que les cigarettes ordinaires ;
  • d’autres produits du tabac qui sont équipés d’un dispositif chauffant avec lequel une tige, une prise ou une capsule contenant du tabac est chauffée. La chaleur fait se dégager de la nicotine (et d’autres produits chimiques) qui peuvent alors être aspirés dans les poumons, bien que le tabac ne chauffe pas suffisamment pour brûler. Ces dispositifs sont différents des cigarettes électroniques;
  • les sachets de nicotine sans tabac, aromatisés à différents parfums et qui se placent dans la bouche.

Enfants et patientes enceintes

Fumer ou consommer de la nicotine pendant la grossesse peut avoir de nombreuses conséquences néfastes, telles qu’un faible poids de naissance, une naissance prématurée, une microcéphalie, des problèmes placentaires, voire un risque d’enfant mort-né ou de fausse couche. Le tabagisme passif pendant la grossesse accroît également le risque d’accoucher d’un bébé de poids inférieur à la normale et les bébés qui sont exposés à la fumée présentent un risque accru de mort subite du nourrisson.

Une exposition prénatale au tabac peut également avoir des conséquences sur la santé et le développement de l’enfant : insuffisance pulmonaire (toux, rhumes, bronchites et pneumonies), respiration sifflante, asthme et troubles de la vue tels que le strabisme, les erreurs de réfraction ou la rétinopathie. Les enfants exposés au tabagisme passif sont plus susceptibles de souffrir d’otite, de toux, de rhume, de bronchite et de pneumonie. Les enfants qui grandissent auprès de parents fumeurs sont plus susceptibles de devenir fumeurs à leur tour ou de souffrir d’effets à long terme similaires à ceux dont souffrent des adultes fumeurs.

Équité en santé

L’équité en santé dans la prévention et la lutte antitabac s’attache à la possibilité pour chacun de vivre une vie saine, quels que soient son appartenance ethnique, son niveau d’éducation, son identité de genre, son orientation sexuelle, son métier, sa situation géographique ou son handicap. Les programmes de lutte antitabac, y compris les services éprouvés d’aide à l’arrêt du tabac, peuvent tendre vers l’équité en santé en centrant leurs efforts sur la diminution de la consommation de tabac et de l’exposition à la fumée secondaire ou tertiaire, en améliorant l’accès aux ressources de la lutte antitabac parmi les populations au sein desquelles le poids des pathologies dues au tabac, sur le plan sanitaire comme financier, est le plus lourd.

Marketing du secteur du tabac

Le secteur du tabac dépense chaque année des milliards de dollars en publicité, promotion et parrainage à travers le monde. Les techniques marketing prédatrices et manipulatrices du secteur du tabac permettent d’accroître la consommation de ces produits et permettent de remplacer les fumeurs qui arrêtent de fumer ou qui meurent. L’industrie du tabac investit des sommes gigantesques dans les pays à revenu faible ou moyen dans le but d’améliorer leur image et celle du tabac dans la société. L’industrie du tabac emploie de longue date des stratégies qui ciblent les enfants, en commercialisant des paquets fantaisie, des cigarettes aromatisées ou encore des cartouches de cigarettes électroniques et utilise internet, les textos et les réseaux sociaux pour annoncer des évènements sponsorisés ou des promotions.

 La meilleure stratégie pour combattre les techniques marketing de l’industrie du tabac est d’adopter et de faire appliquer des interdictions de publicité, de promotion du tabac et du sponsoring, comme l’indique la FCTC de l’OMS.

Les industriels du tabac prétendent qu’ils sont engagés à découvrir la vérité scientifique au sujet des effets du tabac sur la santé, à la fois en menant des recherches internes et en participant au financement de recherches extérieures. Ils ont cependant constamment nié, retiré et supprimé les informations relatives aux effets néfastes de la consommation de tabac.

Les industriels du tabac manipulent également l’attitude du grand public à leur égard et prétendent souvent témoigner de leur responsabilité sociale en tant qu’entreprise, alors qu’ils engagent des activités visant à promouvoir leurs produits tout en se présentant comme des entreprises citoyennes.

  

RECOMMANDATIONS 

L’AMM recommande aux gouvernements nationaux :

  1. d’accroître les taxes sur le tabac et les produits qui en sont dérivés : c’est la mesure la plus efficace pour réduire la consommation de tabac selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). C’est également un outil rentable en ce qu’il ne coûte pas cher. Le produit de ces impôts devrait être alloué à des programmes de prévention, des programmes et des services d’aide au sevrage tabagique fondés sur des preuves et à d’autres mesures de santé ;
  2. d’exhorter l’Organisation mondiale de la santé d’ajouter les médicaments antitabac à sa Liste modèle des médicaments essentiels ;
  3. de ratifier et de mettre en œuvre pleinement la Convention-cadre de l’OMS sur la lutte antitabac (FCTC) ;
  4. de faire appliquer une règlementation exhaustive de la fabrication, de la vente, de la distribution et de la promotion du tabac et des produits dérivés du tabac, y compris des interdictions complètes de la publicité pour le tabac, de sa promotion et des activités de parrainage par les industriels du tabac, y compris à l’étranger. D’imposer le paquet neutre pour tous les produits du tabac (comme le prévoit la résolution de l’AMM sur le paquet neutre de cigarettes, de cigarettes électroniques et d’autres produits à fumer) et une mention écrite accompagnée d’une image, bien visibles avertissant des dangers du tabac ;
  5. d’interdire de fumer dans tous les espaces publics clos, y compris les transports publics, les prisons, les aéroports et les avions. D’imposer à toutes les facultés de médecine, les instituts de recherche biomédicale, les hôpitaux et les autres établissements de santé d’interdire de fumer, de vapoter ou d’utiliser tout autre produit dérivé du tabac dans leurs locaux ;
  6. d’interdire la vente, la distribution et l’accessibilité des cigarettes et d’autres produits du tabac aux enfants et aux adolescents. d’interdire la production, la distribution et la vente de bonbons qui représentent des produits du tabac ou qui y ressemblent ;
  7. d’interdire toute subvention gouvernementale du tabac ou des produits dérivés du tabac et d’aider les producteurs de tabac à passer à d’autres cultures. D’exclure les produits du tabac des accords commerciaux internationaux et de travailler à limiter, voire à interdire le trafic de tabac et de produits dérivés du tabac ainsi que la contrebande de produits du tabac ;
  8. Financer la recherche sur la prévalence de la consommation de tabac et les effets du tabac et des produits dérivés du tabac sur l’état de santé de la population. 

L’AMM recommande aux associations médicales nationales :

  1. de refuser tout financement ou tout support éducatif provenant de l’industrie du tabac et d’exhorter les facultés de médecine, les instituts de recherche et les chercheurs à faire de même ;
  1. d’adopter des politiques de lutte contre la consommation de tabac et de produits dérivés du tabac et de faire connaître ces politiques au grand public. d’adopter ou de promouvoir les directives cliniques sur le traitement de la consommation de tabac et de la dépendance au tabac ;
  1. d’interdire de fumer, de vapoter ou tout autre consommation de tabac dans tous les locaux des associations médicales nationales et toutes les réunions commerciales, sociales, scientifiques et les cérémonies des associations médicales nationales, comme l’a fait l’Association médicale mondiale ;
  1. d’élaborer, de soutenir et de participer aux programmes visant à informer les professionnels de la médecins et le grand public aux dangers de la consommation de tabac (y compris l’addiction au tabac) et du tabagisme passif ;
  1. de lancer ou de renforcer des programmes éducatifs à destination des étudiants en médecine et des médecins afin de les préparer à identifier et à traiter la dépendance au tabac de leurs patients ;
  1. de s’élever contre la déviation des stratégies marketing de l’industrie du tabac vers les pays les moins développés, les jeunes et d’exhorter les gouvernement nationaux à faire de même;
  1. de mettre fin aux investissements dans des entreprises qui produisent du tabac ou des produits dérivés du tabac ou qui promeuvent leur consommation. et de retirer leurs financements des actifs qui soutiennent la production ou la promotion du tabac.

L’AMM recommande aux médecins :

  1. de montrer un exemple positif en ne consommant pas de tabac ou de produits dérivés du tabac et de se faire l’écho des informations sur les effets sanitaires délétères de la consommation de tabac et les bénéfices de l’arrêt du tabac ;
  1. de soutenir un accès large aux traitements éprouvés de la dépendance au tabac par des consultations individuelles, du conseil, la pharmacothérapie, des programmes collectifs de sevrage tabagique, des services d’assistance téléphonique, des services internet d’aide à l’arrêt du tabac et d’autres programmes de ce type ;
  1. de garder à l’esprit que le tabagisme passif peut nuire aux enfants. Les médecins devraient notamment s’efforcer : 
  • de promouvoir les environnements sans tabac pour les enfants ;
  • de cibler les parents fumeurs et les patientes enceintes pour des séances d’aide à l’arrêt du tabac ;
  • de promouvoir les programmes qui contribuent à la prévention et à la diminution de la consommation de tabac et de produits dérivés du tabac par les jeunes ;
  • de soutenir les politiques limitant l’accès au tabac et la publicité pour le tabac et les produits dérivés du tabac et accorder plus d’importance à la recherche sur les effets pédiatriques du tabac.