Prise de position de l’AMM sur les armes nucléaires
Adoptée par la 50ème Assemblée Médicale Mondiale Ottawa, Canada, octobre 1998
Révisée par la 59ème Assemblée Générale de l’AMM, Séoul, Corée, octobre 2008,
par la 66ème Assemblée Générale, Moscou, Russie, octobre 2015,
par la 69ème Assemblée Générale de l’AMM à Reykjavik, Islande, octobre 2018
et par la 76ème Assemblée générale de l’AMM, Porto, Portugal, octobre 2025
PRÉAMBULE
Les Déclarations de Genève, d’Helsinki et de Tokyo de l’AMM énoncent clairement les devoirs et responsabilités de la profession médicale quant à la préservation et à la sauvegarde de la santé du patient ainsi qu’à son engagement au service de l’humanité. Dès lors, et à la lumière de la disponibilité constante des armes nucléaires et des conséquences médicales et environnementales catastrophiques de l’utilisation des armes nucléaires et de l’impossibilité de leur apporter une réponse sanitaire et humanitaire significative, l’AMM estime qu’il est de son devoir d’œuvrer à l’élimination des armes nucléaires. L’avènement d’un monde sans armes nucléaires est une nécessité.
RECOMMANDATIONS
Par conséquent, l’AMM :
- condamne la mise au point, les tests, la production, le stockage, le transfert et le déploiement d’armes nucléaires, ainsi que la menace d’utilisation et l’emploi d’armes nucléaires pour quelque raison que ce soit et à quelque moment que ce soit ;
- demande à tous les gouvernements de s’abstenir de développer, de tester, de produire, de stocker, de transférer, de déployer, de menacer d’utiliser et d’employer les armes nucléaires et d’œuvrer en toute bonne foi pour leur élimination ;
- fait observer à tous les gouvernements que même une guerre nucléaire limitée entraînerait d’immenses souffrances humaines, d’important dégâts sanitaires et un grand nombre de morts avec des effets catastrophiques sur le climat et l’écosystème de la Terre, provoquant un « hiver nucléaire », raréfiant l’approvisionnement alimentaire mondial et faisant courir un risque de famine à une grande partie de la population de la planète ;
- exprime sa vive préoccupation face aux programmes de conservation indéfinie et de modernisation des arsenaux nucléaires, ainsi qu’à l’utilisation croissante de l’intelligence artificielle à des fins militaire ; face à l’absence de progrès des États nucléaires en matière de désarmement ; et face au danger croissant de guerre nucléaire, qu’elle soit volontaire, y compris par cyberattaque, accidentelle ou causée par une négligence ;
- salue l’entrée en vigueur du traité sur l’interdiction des armes nucléaires et rejoint les autres membres de la communauté internationale et une centaine d’États membres de l’ONU pour appeler, en qualité de médecins, tous les États à signer, ratifier ou rejoindre et mettre en œuvre en toute bonne foi le traité sur l’interdiction des armes nucléaires, et ce dans les plus brefs délais ;
- invite instamment l’Assemblée mondiale de la santé à charger l’OMS de réviser et actualiser son rapport de 1987 sur «les effets de la guerre nucléaire sur la santé et les services de santé», ainsi que son rapport de 1993 sur «les effets des armes nucléaires sur la santé et sur l’environnement», et de continuer à le mettre à jour régulièrement et de diffuser largement ses conclusions ; et,
- demande à toutes les associations médicales à tous les niveaux de se joindre à l’AMM afin de soutenir cette prise de position, d’utiliser les ressources pédagogiques existantes pour sensibiliser le grand public et d’inciter leurs gouvernements respectifs à œuvrer pour l’élimination des armes nucléaires, y compris par l’adhésion et la mise en application du traité des Nations unies sur l’interdiction des armes nucléaires.
