Prise de position de l’AMM sur le contrôle des accidents
Adoptée par la 42e Assemblée Médicale Mondiale Rancho Mirage, Californie, États-Unis, octobre 1990
Révisée par la 57e Assemblée Générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud, octobre 2006
et par la 67e Assemblée générale de l’AMM, Taipei, Taiwan, octobre 2016
Réaffirmée avec des modifications mineures par le 230ème Conseil de l’AMM, Porto, Portugal, octobre 2025
PRÉAMBULE
Les accidents constituent la principale cause de décès et d’invalidité chez les enfants et les jeunes adultes, détruisant la santé, les moyens de subsistance et la vie de millions de personnes chaque année, tout en augmentant le risque de maladie mentale et de suicide. Les accidents sont dus entre autres à des actes de violence commis contre soi-même ou sur les autres, aux accidents de la route, aux intoxications, aux noyades et aux brûlures, ainsi qu’aux accidents domestiques et professionnels. Il est cependant possible de prévenir de nombreux accidents. Le contrôle des accidents doit être reconnu comme une priorité de santé publique demandant une coordination entre les services de transport sanitaire et les centres de services sociaux dans chaque pays. Afin d’assurer le succès de tels programmes de contrôle des accidents, la participation des médecins et un leadership via la médecine, l’éducation et la sensibilisation s’avèrent nécessaires.
Comme l’indique l’Organisation mondiale de la santé[1], le degré de blessures n’est pas uniforme d’un pays à l’autre ni au sein d’un même pays. Certaines personnes sont plus vulnérables que d’autres en fonction des conditions dans lesquelles elles naissent, grandissent, travaillent, vivent et vieillissent. Dans le cadre des stratégies de prévention des accidents, il convient d’accorder une plus grande attention aux déterminants sociaux de la santé.
L’Association médicale mondiale exhorte les Associations médicales à coopérer avec les agences publiques et privées correspondantes afin de développer et de mettre en œuvre des programmes de contrôle pour prévenir et traiter les accidents. Ces programmes doivent également tenter d’améliorer le traitement médical et la rééducation des patients accidentés. Il faut accroître la recherche et l’éducation sur le contrôle des accidents et la coopération internationale est une composante vitale et nécessaire pour la réussite de ces programmes.
RECOMMANDATIONS
Les Associations médicales devraient recommander l’intégration des éléments de base suivants dans les programmes nationaux:
EPIDÉMIOLOGIE
- Pour de tels programmes, il faut au départ acquérir davantage de données qui serviront de base aux priorités de base, aux interventions et à la recherche. Un système efficace de surveillance des accidents devrait être établi dans chaque pays pour recueillir et intégrer les informations. Les hôpitaux et les agences sanitaires devraient instaurer un système complet et précis pour codifier les accidents. La gravité des accidents devrait être codifiée de manière uniforme partout dans le monde.
PRÉVENTION
- La prévention des accidents nécessite une éducation et une formation pour éduquer et persuader les gens de changer leur comportement afin de réduire les risques d’accidents. Les lois et les règlementations reposant sur des méthodes scientifiquement avalisées de prévention des accidents peuvent s’avérer judicieuses pour modifier les comportements (par ex. l’utilisation de ceintures de sécurité et de casques de protection). Ces lois doivent à leur tour être strictes. Un système de surveillance efficace comme indiqué précédemment contribuera à définir comment cibler d’autres tentatives de prévention. La planification urbaine et de la circulation devraient assurer aux résidents un environnement sécurisé.
BIOMÉCANIQUE
- Une meilleure compréhension de la biomécanique des accidents et des invalidités pourrait contribuer au développement de meilleures normes de sécurité et réglementations sur les produits et leur conception.
TRAITEMENT
- Pour améliorer la prise en charge de l’accident là où il a lieu, il faudrait un système de communication efficace entre les premiers intervenants et les professionnels de santé dans les hôpitaux afin de faciliter la prise de décision. Il faudrait assurer un transport à l’hôpital rapide et sûr. Une équipe de traumatologues devrait être disponible à l’hôpital. Des équipements et des fournitures adaptés devraient aussi être disponibles pour soigner les accidentés, y compris l’accès immédiat à une banque du sang. L’éducation et la formation des traumatologues doivent être encouragées afin d’assurer à tous moments la mise en œuvre de techniques parfaites par un nombre approprié de médecins.
RÉHABILITATION
- Les victimes de traumatismes nécessitent des soins continus axés non seulement sur la survie mais aussi sur l’identification et la préservation de leurs fonctions résiduelles. Il faut effectuer une rééducation visant à rétablir les fonctions biologiques, psychologiques et sociales afin de permettre aux personnes accidentées d’avoir un maximum d’autonomie personnelle et un mode de vie indépendant. Lorsqu’elle est possible, l’intégration dans la communauté est un objectif souhaitable pour les personnes handicapées par un accident. La rééducation peut aussi nécessiter des changements dans l’environnement physique et social du patient.
[1] Principaux faits de l’OMS sur les accidents et la violence (juin 2024)
