Prise de position de l’AMM sur les traitements esthétiques


Adoptée par la 25ème Assemblée générale, Durban, Afrique du Sud, octobre 2014
et révisée par la 76ème Assemblée générale de l’AMM, Porto, Portugal, octobre 2025

 

PRÉAMBULE

Cette prise de position considère le traitement esthétique comme une intervention ne s’inscrivant pas dans le cadre des soins de santé classiques visant à soigner une blessure, une maladie ou une déformation. Le traitement esthétique a pour unique objectif d’embellir ou de modifier l’apparence physique de la personne concernée. Cette prise de position fait cependant référence au patient pour parler de la personne à laquelle s’applique le traitement.

Les traitements proposés sont très variés et vont des procédures chirurgicales aux injections et diverses formes de traitements cutanés. Cette prise de position porte sur les interventions qui, sur le plan méthodologique, sont proches de ou similaires à celles pratiquées dans le cadre des soins de santé. Le tatouage, la scarification et les interventions similaires ne sont donc pas abordés dans cette prise de position.

Les traitements esthétiques sont réalisés par des praticiens dont l’expérience clinique et la formation varient amplement.

L’image du corps a un impact sur l’estime de soi et sur la santé mentale et constitue une composante à part entière de la santé générale et du bien-être d’une personne. Les représentations de « corps parfaits » véhiculées par les médias amènent certaines personnes, en particulier les enfants et les adolescents, à se faire une image irréaliste et malsaine du corps. Les médias sociaux, notamment, peuvent avoir un impact sur la santé physique et mentale des individus.

Certains traitements esthétiques peuvent également être motivés par la stigmatisation culturelle et le colorisme.

De nombreux traitements esthétiques s’accompagnent de risques et peuvent nuire à la santé du patient. Les mineurs1 sont particulièrement vulnérables, car leur corps n’est souvent pas totalement formé. L’AMM a élaboré les recommandations de base suivantes afin de protéger les personnes subissant un traitement esthétique ou envisageant de le faire.

Réaffirmant les principes de l’éthique médicale énoncés par l’AMM dans sa déclaration de Genève, sa déclaration de Lisbonne sur les droits du patient et son Code international d’éthique médicale et conformément au mandat de l’AMM, cette prise de position s’adresse principalement aux médecins. L’AMM encourage cependant d’autres praticiens réalisant des traitements esthétiques à adopter ces principes.

 

RECOMMANDATIONS

  1. La dignité, l’autonomie, l’intégrité du patient et la confidentialité des informations qui le concernent doivent toujours être respectées.
  2. Les médecins ont un rôle à jouer pour aider à identifier les images malsaines du corps, y compris celles motivées par les normes de genre, la stigmatisation culturelle et le colorisme, pour aborder et traiter les troubles lorsqu’ils existent et pour orienter le patient vers un psychiatre ou un autre professionnel de la santé mentale et/ou tout autre professionnel de la santé dont il pourrait avoir besoin.
  3. Les traitements esthétiques doivent être pratiqués uniquement par des praticiens disposant de suffisamment de connaissances, de compétences et d’expérience des interventions pratiquées. Les traitements esthétiques qui impliquent la pratique de la médecine doivent être effectués par un médecin ou supervisés de manière appropriée par un médecin.
  4. Tous les praticiens proposant des traitements esthétiques devraient être titulaires d’un diplôme spécifique et doivent être inscrits et/ou agréés auprès des autorités compétentes, et n’agir que dans le cadre autorisé.
  5. Tous les traitements esthétiques doivent être précédés d’un examen approfondi du patient. Le praticien doit étudier tous les éléments, physiques et psychologiques, susceptibles d’augmenter les risques de préjudice pour le patient et devrait refuser de pratiquer un traitement si le risque est inacceptable, en particulier si le patient est mineur. Les praticiens devraient toujours choisir la solution thérapeutique la plus appropriée plutôt que la plus lucrative.
  6. Des mineurs peuvent avoir besoin ou bénéficier d’une chirurgie plastique, mais les procédures purement esthétiques ne devraient pas être effectuées sur des mineurs. Si, dans des cas exceptionnels, le traitement esthétique est réalisé sur un mineur, il doit l’être avec une attention et un soin spécifiques, et uniquement si le but du traitement est d’éviter une attention négative plutôt que d’obtenir une attention positive. Il convient de prendre en compte tous les facteurs médicaux, comme le fait que le mineur n’ait pas achevé sa croissance ou que le traitement doive être renouvelé ultérieurement.
  7. Le patient doit donner un consentement explicite à tout traitement esthétique, de préférence par écrit. Avant de demander le consentement, le praticien devrait doit informer le patient de tous les aspects du traitement, y compris les différentes options de traitement, la manière dont les procédures sont réalisées, les risques et les dommages possibles et le fait que bon nombre de ces traitements peuvent être irréversibles. Le patient devrait doit disposer de suffisamment de temps avant le traitement pour comprendre et examiner les informations reçues. Lorsque le patient qui demande le traitement est mineur, le consentement éclairé de ses parents du mineur ou de son représentant légal devrait être obtenu.
  8. Tous les traitements esthétiques doivent être soigneusement consignés par le praticien. Les documents doivent inclure une description détaillée du traitement pratiqué, des informations sur la médication mise en place et l’équipement médical utilisé, et sur tous les autres aspects du traitement.
  9. Les traitements esthétiques doivent être effectués uniquement dans de strictes conditions d’hygiène et de sécurité médicale au sein des locaux, avec un personnel et un équipement suffisants. Ces locaux doivent disposer de l’expertise et de l’équipement pour traiter les réactions allergiques potentiellement mortelles et d’autres complications possibles, aigües et, dans l’idéal, tardives.
  10. L’AMM décourage l’utilisation des médias sociaux pour promouvoir des attentes irréalistes et malsaines concernant les images corporelles appropriées et encourage les médecins, conformément à la prise de position de l’AMM sur l’éthique professionnelle et l’usage éthique des médias sociaux, à promouvoir la littératie en santé chez les patients et à lutter contre la désinformation et les informations erronées dans les médias sociaux.
  11. La publicité et le marketing des traitements esthétiques doivent être menés de manière professionnelle et responsables, reposer sur des informations factuelles et non trompeuses, et ne jamais cibler les mineurs ni promettre des résultats irréalistes. Des photographies irréalistes ou corrigées montrant des patients avant et après le traitement ne doivent pas être utilisées à des fins publicitaires ni de marketing.
  12. Les praticiens ne devraient jamais proposer ou faire la promotion d’un prêt d’argent pour le règlement du traitement esthétique.
  13. Les produits et dispositifs utilisés pour les traitements esthétiques devraient être soumis à des cadres juridiques garantissant leur traçabilité et leur sécurité.
  14. Il est souhaitable de poursuivre les recherches sur les conséquences à long terme des traitements esthétiques sur les individus et la société, y compris sur leur rôle dans la redéfinition des idéaux et des conceptions de la normalité.

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1: Dans cette prise de position, le terme « mineur » est défini comme une personne qui – selon la législation nationale en vigueur – n’est pas un adulte.

Prise de position
Apparence physique, Consentement, Esthétique, Interventions, Procedures, Risques, Traitement

Code International d'Éthique Médicale

Adopté par la 3e Assemblée Générale de l’AMM, Londres, Grande-Br...

Déclaration de Genève

Adoptée par la 2e Assemblée Générale, Genève, Suisse, Septembre...

Déclaration de Lisbonne de l'AMM sur les Droits du Patient

Adoptée par la 34e Assemblée Médicale Mondiale Lisbonne, Portuga...

Directives de l'AMM pour les interventions médiatiques promotionnelles des médecins

Adoptée par la 66ème Assemblée Générale de l'AMM, Moscou, Russie...