Prise de Position de l’AMM sur l’Automédication


Adoptée par la 53ème Assemblée générale de l’AMM, Washington, octobre 2002
Réaffirmée par le 191ème Conseil, Prague, République Tchèque, avril 2012
et réaffirmée avec des révisions mineures par le 221ème Conseil de l’AMM, Berlin, Allemagne, octobre 2022

 

PRÉAMBULE

La présente prise de position a pour objectif de fournir aux médecins et à leurs patients des recommandations pour une automédication responsable.

On distingue généralement deux catégories de produits pharmaceutiques : les médicaments délivrés sur ordonnance et les médicaments en vente libre. Cette classification peut cependant varier d’un pays à l’autre. Les autorités nationales doivent assurer que les médicaments en vente libre offrent une garantie suffisante qu’ils ne présentent pas de risques pour la santé.

Les médicaments délivrés sur ordonnance sont des médicaments qui ne peuvent être obtenus que sur prescription d’un médecin ou d’un autre professionnel de santé autorisé à la suite d’une consultation. Consommés en dehors de toute supervision par un professionnel de santé, ces médicaments ne sont pas sans danger en raison notamment de leur toxicité ou d’autres effets néfastes possibles (accoutumance, par exemple), de leur mode d’utilisation ou des mesures connexes nécessaires à leur utilisation.

L’automédication responsable, au sens du présent document, est l’emploi par une personne, de sa propre initiative ou sur les conseils d’un professionnel de santé, de médicaments légalement délivrés sans ordonnance, c’est-à-dire en vente libre. L’utilisation, sans ordonnance préalable, de médicaments délivrés seulement sur ordonnance, ne relève pas d’une automédication responsable.

 

RECOMMANDATIONS

  1. La sécurité, l’efficacité et la qualité des médicaments en vente libre doivent obéir aux mêmes principes que celles utilisées pour les médicaments délivrés sur ordonnance.
  2. Compte tenu des risques que présentent l’emploi de médicaments non prescrits ou l’automédication imprudente, l’AMM formule les recommandations suivantes.

Pour les personnes

  1. Les patients devraient informer leur médecin et les autres professionnels de santé concernés des produits qu’ils utilisent en automédication, y compris combinés avec des médicaments prescrits. Un traitement peut combiner médicaments en vente libre et médicaments délivrés sur ordonnance, de manière concomitante ou séquentielle. Le patient doit être informé des interactions possibles entre les médicaments délivrés sur ordonnance et les médicaments en vente libre. C’est pourquoi il devrait être encouragé à indiquer à son médecin ou au professionnel de santé qui le suit les produits qu’il utilise en automédication.
  2. Le patient ayant recours à l’automédication est le principal responsable de l’emploi des produits qu’il utilise. Une attention particulière doit être portée aux personnes vulnérables lorsqu’elles recourent à l’automédication, notamment les enfants, les personnes âgées et les femmes enceintes.
  3. Lorsqu’une personne décide de recourir à l’automédication, elle doit être capable :
  • d’identifier les symptômes ou la maladie qu’elle entend traiter ;
  • de s’assurer que l’automédication convient à son état de santé ;
  • de choisir le médicament approprié ;
  • de suivre le mode d’emploi indiqué sur la notice.

Pour les professionnels de santé

  1. Les médecins et les autres professionnels de santé concernés doivent informer leurs patients des risques de l’automédication et des précautions à observer pour une automédication judicieuse et les encourager à rechercher un avis médical en cas de doute. Cette recommandation est particulièrement importante pour les patients dont l’état de santé rend l’automédication risquée.
  2. Le médecin ou professionnel de santé devrait également avertir son patient des risques que présentent les pseudosciences et les pseudothérapies, qui sont dépourvues de base scientifique, comme le rappelle l’AMM dans sa déclaration sur les pseudosciences et les pseudothérapies dans le domaine de la santé.
  3. Les professionnels de santé devraient encourager leurs patients à lire avec attention les notices d’utilisation et les étiquettes s’il y en a, à rechercher un avis médical en cas de besoin et à identifier les situations dans lesquelles l’automédication n’est pas, ou n’est plus, appropriée.
  4. Les pharmaciens ont le devoir professionnel de recommander aux patients de consulter un médecin, notamment lorsque leurs symptômes l’imposent ou si les patients demandent un médicament qui n’est disponible que sur ordonnance.
  5. Les professionnels de santé devraient chercher à repérer les recours à l’automédication qui pourraient être pertinents au cours des consultations médicales, de la délivrance de médicaments à la pharmacie et au cours des interventions d’infirmerie à domicile.

Pour les autres entités concernées

  1. Les pouvoirs publics doivent reconnaître et faire reconnaître l’importance de la distinction entre les médicaments délivrés sur ordonnance et les médicaments en vente libre et veiller à ce que les personnes qui recourent à l’automédication soient bien informées et protégées contre d’éventuels préjudices ou conséquences négatives à long terme.
  2. Les fabricants, tout spécialement, doivent se conformer à la réglementation en vigueur afin que l’information fournie aux consommateurs soit appropriée tant du point de vue du fond que de la forme. Cela concerne notamment l’étiquetage, la publicité et surtout les notices des médicaments en vente libre.
  3. La publicité et la commercialisation des médicaments en vente libre doivent être fiables, fournir des renseignements clairs et exacts et donner des informations authentiques sur les avantages et les risques que présente le médicament. La promotion et la commercialisation ne sauraient constituer une incitation à une automédication inconsidérée, à l’achat de médicaments non appropriés ou à l’achat de médicaments en quantité supérieure à ce qui est nécessaire.
  4. La pharmacovigilance concernant l’automédication devrait être organisée et renforcée à la fois par les gouvernements et le secteur pharmaceutique pour maîtriser les risques qui sont associés à l’automédication.

Pour tout le monde

  1. Toute personne associée de près ou de loin à l’automédication doit considérer que les médicaments, qu’ils soient délivrés sur ordonnance ou en vente libre, sont des produits particuliers et qu’il importe de suivre les précautions habituelles, notamment en termes de conservation et d’emploi, conformément aux conseils d’un professionnel.
  2. Les personnes recourant à l’automédication doivent avoir conscience des avantages et des risques des produits utilisés. Le rapport risques/avantages de chaque médicament devrait être communiqué de manière claire et exacte sans surestimer les uns ou les autres.

 

Prise de position
Information, marketing, prescription, Self-Medication

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