L’AMM demande la libération immédiate du chirurgien emprisonné en Egypte


L’Association Médicale Mondiale a vigoureusement protesté auprès des autorités égyptiennes contre l’emprisonnement et la torture infligée à un chirurgien égyptien accusé d’avoir participé aux manifestations qui se sont déroulées il y a quatre ans.

Le Président de l’AMM, Sir Michael Marmot, a écrit au ministre de la justice égyptien pour demander la libération immédiate du Dr Ahmed Said, chirurgien vasculaire, résidant en Allemagne. Dr Said  avec quatre autres personnes purge une peine de prison de deux ans pour avoir défilé  dans le centre du Caire en hommage aux personnes tuées par les forces de sécurité en novembre 2011.

Sir Michael parle dans sa lettre des cinq prévenus jugés le mois dernier pour  s’être entre autres « rassemblé sans autorisation » et avoir « bloqué la route et perturbé la circulation ».

Il écrit : « Les avocats des prévenus ont indiqué que le Ministère Public n’avait produit aucune preuve physique, comme par exemple des photos ou des vidéos, pour étayer les accusations et que tout reposait   sur un simple   chargé de la sécurité nationale qui avait accusé  le groupe d’avoir pris part à un défilé dans le centre du Caire ayant bloqué la circulation et menacé la sécurité des citoyens. Selon un rapport du Ministère de la Circulation, aucune plainte n’a été déposée au sujet de cette manifestation  ou d’un blocage de la circulation dans la zone où le défilé avait soit disant eu lieu. »

Sir Michael ajoute : « L’Association Médicale Mondiale tient à rappeler que la liberté d’expression est un droit fondamental.    L’Egypte  a ratifié le Pacte international sur les droits civils et politiques en 1982, confirmant par là même  son engagement à respecter les dispositions du Pacte. Nous aimerions porter à votre attention en particulier l’article 19 (2) du Pacte qui stipule « Toute personne a droit à la liberté d’expression; ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées de toute espèce, sans considération de frontières, sous une forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen de son choix ».

« De plus selon nos sources, Dr Ahmed Said a été torturé le jour de son arrestation au cours  de son interrogatoire au centre de détention d’Abdeen au sud du Caire. Il se trouve dans une cellule surpeuplée et dort à même le sol en béton sans une couverture ou un vêtement chaud à la période la plus froide de l’année en Egypte.

« Nous lançons un appel aux autorités égyptiennes afin que le chirurgien Ahmed Said et les quatre  autres activistes (Mostafa Ibrahim Mohamed Ahmed, Karim Khaled Fathy, Mohamed Abdel-Hamid et Gamila Seryel-Dain) ne subissent aucune torture ou mauvais traitement et puissent régulièrement voir leurs avocats et leurs familles. Plus globalement, ils doivent être traités avec le respect dû à leur dignité et à tout être humain tel que stipulé par les principes internationaux concernant le traitement des prisonniers.

« Nous demandons également de veiller à ce que le verdict et les peines prononcées à l’encontre de ces cinq personnes soient annulés et que les accusés soient immédiatement libérés. »

Sir Michael termine sa lettre en demandant aux autorités égyptiennes de lancer rapidement une  enquête indépendante et impartiale sur les allégations de torture et de juger les auteurs de ces actes de torture   dans le cadre d’un procès équitable, en excluant toute peine de mort.