Des personnalités de la médecine s’insurgent contre les conditions de détention et les peines capitales en Égypte


L’Association médicale mondiale (AMM) tire la sonnette d’alarme, après que la justice égyptienne a prononcé des peines capitales contre plus de 70 opposants, dont plusieurs médecins.

Dans une lettre au Président égyptien, les dirigeants de l’AMM s’élèvent contre le traitement des personnes arrêtées après les manifestations de 2013 et expriment leurs préoccupations au sujet du sort du Dr Abdel Moneim Aboul Fotouh, ancien secrétaire général du syndicat médical égyptien et ancien candidat à la présidentielle, qui se trouve à l’isolement depuis sa mise en détention pour avoir parlé des droits humains au cours de plusieurs interviews télévisées.

La Dre Ardis Hoven, Présidente du Conseil de l’Association et le Dr Otmar Kloiber, son Secrétaire général ont déclaré que le Dr Aboul Fotouh s’était vu refuser la tenue d’un procès équitable et l’accès à des soins médicaux. Il a subi quatre crises cardiaques depuis son emprisonnement et les autorités pénitentiaires ont refusé qu’il soit admis dans un hôpital hors de la prison.

Dans leur courrier, les dirigeants de l’AMM demandent instamment au Président Abdel Fattah al-Sissi d’assurer que le Dr Aboul Fotouh et les autres détenus puissent consulter des professionnels de santé qualifiés, qui soient en mesure de leur dispenser des soins de santé conformes à l’éthique médicale, qui comprend les principes du secret médical, de l’autonomie et du consentement éclairé ainsi que la protection contre les actes de torture et les mauvais traitements. Le droit qu’a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mental possible a été consacré droit humain fondamental et fait l’objet de l’article 14 du Pacte des Nations unies sur les droits économiques, sociaux et culturels, que l’Égypte a ratifié en 1982 faisant ainsi état de sa volonté d’être liée par ses dispositions.

En outre, les dirigeants de l’AMM ont rappelé que la peine de mort viole le droit à la vie proclamé par la Déclaration universelle des droits de l’Homme et constitue ainsi l’ultime récusation des droits humains, quelles que soient la nature du crime commis, les caractéristiques du condamné et la méthode utilisée pour tuer le prisonnier. Par conséquent, ils exhortent le Président Abdel Fattah al-Sissi à prendre des mesures immédiates pour abandonner la possibilité d’une condamnation à la peine capitale et envisager un moratoire sur l’ensemble des exécutions en vue d’abolir la peine de mort et de commuer toutes les peines capitales en peines d’emprisonnement.

Ils ont ajouté : « Nous nous alarmons de la poursuite et de l’ampleur de ces pratiques, qui violent les droits les plus élémentaires des personnes et nous ne doutons pas que vous prendrez toutes les mesures qui s’imposent pour honorer vos engagements aux fins de préserver les droits humains et les libertés fondamentales, conformément au droit international ».