Adoptée par la 209ème session du Conseil de l’AMM, Riga, Avril 2018

Le devoir des médecins est de préserver la vie et la santé du patient et de se consacrer à servir l’humanité.

Préoccupés par les discussions actuellement en cours à l’échelle mondiale sur la prolifération nucléaire et compte tenu des conséquences de l’emploi des armes nucléaires sur la santé humaine et l’environnement, l’Association médicale mondiale (AMM) et ses Membres constituants estiment qu’il est de leur responsabilité de travailler à leur élimination dans le monde.

L’AMM exprime sa vive préoccupation face aux programmes de conservation indéfinie et de modernisation des arsenaux nucléaires, à l’absence de progrès des États nucléaires en matière de désarmement et au danger croissant de guerre nucléaire.

L’AMM salue l’adoption du traité sur l’interdiction des armes nucléaires et rejoint les autres membres de la communauté internationale, notamment le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant rouge, l’association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire, la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires et une large majorité d’États membres. Conformément à la mission qui s’impose aux médecins, l’AMM appelle tous les États à signer, à ratifier ou à adhérer au traité sur l’interdiction des armes nucléaires et à le mettre en œuvre en toute bonne foi.

Soulignant leurs conséquences dévastatrices à long terme, l’AMM et ses Membres constituants exhortent les gouvernements à œuvrer immédiatement à l’interdiction et à l’élimination des armes nucléaires.

 

 

Adoptée par la 48ème Assemblée générale Somerset West, République d’Afrique du Sud, octobre 1996
Amendée sur le plan rédactionnel à la 174ème Session du Conseil, Pilanesberg, Afrique du Sud, octobre 2006 
et révisée par la 67èmee Assemblée Générale, Taipei, Taiwan, octobre 2016

 

PREAMBULE

Rappelant sa Déclaration de Washington sur les armes biologiques, sa Résolution sur l’interdiction des armes chimiques et sa Prise de position sur les armes nucléaires, l’Association Médicale Mondiale condamne l’utilisation de tout type d’armes – conventionnelles, biologiques, chimiques et nucléaires – ayant le potentiel de générer d’immenses souffrances humaines et la mort en résultant,  conjointement aux effets catastrophiques sur l’écosystème de la planète, à une réduction de l’approvisionnement alimentaire mondial et à une augmentation de la pauvreté. L’utilisation de telles armes contre des êtres humains est en contradiction avec les devoirs et responsabilités des médecins, à savoir préserver la vie.

Lorsque les nations entrent en guerre ou développent leurs armes, elles ne mesurent généralement pas l’impact de l’utilisation des armes sur la santé des personnes civiles et sur la santé publique en général, que ce soit à court ou à long terme.

On demande cependant à la profession médicale de traiter aussi bien les effets immédiats que ceux à long terme de la guerre, et en particulier les effets des différentes formes d’armement y compris la menace d’une guerre nucléaire, chimique et biologique.

Les connaissances scientifiques et médicales potentielles sont énormes en matière de mise au point de nouveaux systèmes d’armement dirigés contre des individus spécifiques, des populations spécifiques ou des systèmes organiques. Elles peuvent notamment servir à concevoir des armes destinées à cibler les systèmes anatomiques ou physiologiques, y compris la vision, ou utiliser la connaissance des similitudes et différences génétiques de l’être humain pour fabriquer des armes ciblées.

Il n’existe pour le moment pas de critères communément utilisés pour mesurer l’impact des armes sur la santé. Le droit international humanitaire stipule que les armes susceptibles de provoquer « des souffrances inutiles ou des blessures superflues » sont illégales. Ces termes ne sont pas définis et demandent une interprétation à partir de critères objectifs afin que la loi soit efficace.

Les médecins peuvent aider à établir des critères pour les armes qui causent des blessures ou des souffrances d’une gravité telle que le droit international humanitaire pourrait alors être invoqué.

De tels critères permettraient d’aider les juristes à recourir au droit international humanitaire, à évaluer selon un système objectif la légalité des nouvelles armes en cours de développement et à identifier dans ce cas les infractions au droit.

La participation des médecins à l’élaboration de ces critères objectifs est essentielle si elle doit faire partie d’une démarche juridique. Il faut cependant reconnaître que les médecins sont fermement opposés à l’utilisation de toutes les armes contre des êtres humains.

RECOMMANDATIONS

L’AMM considère que la mise au point, la fabrication et la vente d’armes destinées à être utilisées contre des êtres humains est une abomination. Pour aider à la prévention et à la réduction des blessures causées par les armes, l’AMM:

  • Appuie les efforts internationaux visant à établir des critères objectifs qui permettraient de mesurer les effets produits par les armes actuelles et futures et à en interrompre la conception, la fabrication, la vente et l’utilisation ;
  • Lance un appel aux  Associations Médicales Nationales pour faire pression auprès des gouvernements pour obtenir leur coopération dans le cadre de la collecte de telles données qui sont nécessaires pour établir des critères objectifs ;
  • Lance un appel aux Associations Nationales Médicales à encourager et à supporter la recherche sur l’impact global sur la santé publique des armes utilisées ainsi qu’à diffuser les résultats de ces recherches au niveau national et international afin que le public et les gouvernements soient conscients des conséquences à long terme sur la santé de l’emploi des armes sur les civils et les populations.

Adoptée par la 50ème Assemblée générale Ottawa (Canada), Octobre 1998
et supprimée à la 59ème Assemblée générale de l’AMM, Séoul, Corée, Octobre 2008

RECONNAISSANT QUE

l’AMM, dans sa prise de position sur les armes et leur relation à la vie et à la santé (17.130), soutient les efforts visant à établir « des critères objectifs qui permettraient de mesurer les effets produits par les armes actuelles et futures et d’arrêter le développement, la fabrication, la vente et l’utilisation d’armes »;

ET QUE

un groupe d’experts associés au Comité international la Croix-Rouge (CICR) présente ces critères dans le « Projet SIrUS: déterminer quelles armes causent des maux superflus »;

L’ASSOCIATION MEDICALE MONDIALE

  1. félicite le CICR et le groupe d’experts pour la réalisation de ce travail;
  2. invite les associations médicales nationales à officiellement approuver le Projet SirUS afin que les connaissances médicales qu’il contient contribuent à assurer la mise en application des conventions internationales concernant la limitation des effets produits par les armes;
  3. insiste sur le fait que «les maux nécessaires» occasionnés par les armes sont, du point de vue médical, inacceptables.