Prise de Position de l’AMM sur l’obésité des enfants


Adoptée par la 67e Assemblée Générale de l’AMM, Taipei, Taiwan, Octobre 2016

PRÉAMBULE

L’obésité infantile est une maladie touchant de nombreux enfants et émergeant comme une épidémie croissante. En raison de sa prévalence en augmentation et de son impact immédiat et à long terme sur la santé, l’obésité infantile devrait être considérée comme très préoccupante pour la santé publique. L’augmentation de l’obésité infantile peut être attribuée à de nombreux facteurs :

  • De récentes études montrent que la publicité alimentaire ciblée sur les enfants influence beaucoup   les tendances d’achat et les préférences alimentaires des ménages dans le monde entier. Les offres spéciales, les réductions de prix à court terme et d’autres promotions sur les prix ainsi que la publicité sur les réseaux sociaux et les réseaux traditionnels, tout cela joue un rôle sur la demande de produits.
  • De nombreuses publicités sont en conflit avec les recommandations diététiques des instances médicales et scientifiques. Les publicités à la TV sur les produits alimentaires avec peu ou aucune valeur nutritionnelle sont souvent programmées à des heures de grande écoute des enfants et visent à encourager le désir de manger sans corrélation avec la faim. Les publicités accentuent la réponse émotionnelle des enfants à la nourriture et exploitent leur confiance. Ces méthodes et techniques sont également utilisées dans les média non traditionnels tels que les réseaux sociaux, les jeux vidéo et les sites internet destinés aux enfants.
  • Les mauvais choix alimentaires conjointement à un mode de vie malsain et à un manque d’exercice contribuent à l’obésité infantile. De nos jours le mode de vie sédentaire est le facteur prédominant dans le monde développé. Les enfants aujourd’hui n’ont jamais passé autant de temps devant les écrans et sont rarement actifs sur le plan physique.
  • Les entreprises et groupes alimentaires internationaux ne sont pas toujours soumis aux réglementations régionales concernant l’étiquetage des aliments. La recherche de profits peut se faire au dépend de la responsabilité de l’entreprise en matière d’environnement et de santé publique.
  • Les aliments contenant beaucoup de sucre, de graisses et de sel peuvent être addictifs, notamment lorsqu’ils sont combinés avec des exhausteurs de goût. Dans certains pays, les ingrédients ne sont pas tous mentionnés sur les étiquettes alimentaires et souvent les fabricants de produits alimentaires refusent de publier des données sur les méthodes destinées à maximaliser la consommation de leurs produits. Les gouvernements devraient exiger que tous les ingrédients des produits alimentaires soient clairement mentionnés sur les étiquettes y compris ces ingrédients brevetés destinés à augmenter la consommation du produit.
  • Les disparités socio-économiques sont également en corrélation avec l’augmentation de l’obésité infantile en hausse.  Le lien entre le fait de vivre dans la pauvreté et l’obésité précoce des enfants  continue d’affecter la santé une fois dans la vie adulte.[1]  L’exposition aux agents contaminants dans l’environnement, la rareté des checkups médicaux, un accès insuffisant aux aliments nourrissants et une activité physique limitée    mènent  à l’obésité et à d’autres maladies chroniques   plus fréquemment observées parmi les enfants vivant dans la pauvreté.

RECOMMANDATIONS

  1. Un programme complet est nécessaire pour lutter contre l’obésité dans tous les segments de la population, avec une attention particulière accordée aux enfants. L’approche doit inclure des initiatives sur le prix et la disponibilité des aliments nourrissants, l’éducation, la publicité et le marketing, les informations, l’étiquetage et d’autres particularités régionales et nationales. Une approche similaire à celle du tabac dans la Convention Cadre pour la lutte anti-tabac est préconisée.
  1. Des études au niveau mondial soulignent l’importance d’adopter une approche intégrée de l’éducation et de la promotion de la santé. Investir dans l’éducation est la clé pour réduire la pauvreté, améliorer la santé de la population et générer des bénéfices économiques.
  2. Une éducation de qualité proposée dans des structures formelles aux enfants âgés de 2 à 3 ans, combinée avec des   activités enrichissantes pour les parents et un approvisionnement suffisant en aliments nourrissants contribuent à réduire le taux d’obésité des adolescents et limitent les conséquences sanitaires tout au long de la vie.
  3. Les gouvernements devraient investir dans l’éducation ayant trait à la conception des menus, aux achats alimentaires y compris à l’établissement du budget, au stockage et à la préparation afin que les personnes soient mieux équipées pour planifier leur apport alimentaire.
  4. Les gouvernements devraient tenter de réglementer la disponibilité des aliments à faible valeur nutritionnelle par une série de méthodes incluant le prix. Il faudrait être attentif à la proximité des écoles de magasins vendant des aliments de faible qualité nutritionnelle. Là où cela est possible, les gouvernements et les autorités locales devraient chercher à gérer la densité de tels magasins dans les zones scolaires.
  5. Les gouvernements et les autorités locales devraient subventionner et encourager les activités assurant la promotion d’un bon état de santé parmi leurs résidents y compris en leur fournissant des espaces sûrs pour marcher ou faire de la bicyclette.
  6. Les gouvernements devraient envisager d’imposer des taxes sur les aliments non nourrissants et les boissons sucrées et utiliser les revenus ainsi perçus pour financer la recherche et les études épidémiologiques destinées à prévenir l’obésité infantile et à réduire les risques de maladies.
  7. Les ministres de la santé et de l’éducation devraient réglementer les aliments et les boissons vendus et servis dans les écoles.
  8. Etant donné le lien scientifiquement prouvé entre la consommation médiatique et les effets néfastes sur le poids corporel des enfants, l’AMM recommande que la publicité des produits non nourrissants soit limitée pendant les programmes de télévision et d’autres formes de média ciblés sur les enfants.
  9. Les gouvernements devraient travailler avec des spécialistes de la santé indépendants pour établir des conseils alimentaires et nutritionnels, sans implication aucune de l’industrie des aliments et des boissons.
  10. Les gouvernements et les autorités locales devraient subventionner et encourager les activités assurant une bonne santé  parmi leurs résidents y compris en leur fournissant des espaces sûrs pour marcher, faire de la bicyclette et pratiquer d’autres activités physiques. 
  11. Les écoles devraient inclure une activité physique tous les jours. Il devrait être possible pour tous de participer à des activités sportives quelle que soit leur situation économique.
  12. Les Associations Médicales Nationales devraient soutenir ou développer de directives et de recommandations reflétant les connaissances actuelles en matière de prévention et de traitement de l’obésité infantile.
  13. Les Associations Médicales Nationales devraient sensibiliser davantage le public sur l’obésité des enfants et souligner la nécessité de lutter contre la prévalence croissante de l’obésité et son fléau sanitaire et économique.
  14. Les cliniques et les organisations de santé devraient employer des professionnels bien formés pour proposer des cours et des consultations afin de savoir choisir la bonne dose d’aliments nourrissants et atteindre un niveau optimal d’activité physique pour les enfants. Elles devraient aussi veiller à ce que leurs locaux soient exemplaires en matière d’aliments sains proposés.
  15. Les écoles devraient employer des professionnels bien formés qui enseignent des modes de vie sains dès le jeune âge et permettre à tous les enfants, quel que soit leur milieu social, de pratiquer des activités physiques régulières.
  16. Les médecins devraient guider les parents et les enfants sur la manière d’avoir un mode de vie sain et souligner l’importance d’un tel mode de vie. Ils doivent identifier dès que possible l’obésité de leurs patients, notamment celle des enfants. Ils devraient adresser les patients obèses à des services appropriés dès que possible et assurer des suivis réguliers.
  17. Les médecins et les professionnels de santé devraient être éduqués sur le plan diététique, sur la prévention et le traitement de l’obésité. Cela pourrait se faire en renforçant la formation permanente axée sur la médecine nutritionnelle.
Prise de position
Alimentation saine, Déterminants sociaux de la santé, Enfant, Enfants, Mode de vie sain, Obésité, Santé publique

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