Prise de Position de l’AMM sur l’Eau et les Soins de Santé


Adoptée par la 55e Assemblée générale de l’AMM, Tokyo, 2004
et révisée par la 65ème Assemblée générale, Durban, Afrique du Sud, Octobre 2014
et par la 68ème Assemblée générale, Chicago, Etats-Unis, Octobre 2017

 

PRÉAMBULE

1.      Un bon approvisionnement en eau douce (c’est-à-dire propre, potable et non contaminée) est essentiel pour la santé individuelle et publique et doit constituer un déterminant social de la santé. Il est fondamental à une vie menée dans la dignité, la santé et respectueuse des droits humains. De nombreuses personnes, familles et communautés n’ont pas accès à un tel approvisionnement et même dans les zones où l’eau douce est abondante, cette dernière est menacée par la pollution, les activités industrielles ou encore les déchets, un assainissement insuffisant ou inefficace et d’autres facteurs négatifs.

2.      Une analyse récente des éléments de preuve démontre qu’une absence d’accès à l’eau propre, d’assainissement et de savon pour le lavage des mains est courante dans de nombreux établissements de santé à travers le monde, même dans des conditions normales de fonctionnement.  De graves évènements naturels et d’origine humaine, comme la guerre, réduisent encore davantage l’accès à de l’eau propre.

3.      Pour répondre à sa mission qui est de servir l’humanité en s’efforçant de parvenir aux plus hautes normes internationales de soins pour tous dans le monde, l’Association médicale mondiale a rédigé cette prise de position pour encourager tous les responsables de ce secteur à réfléchir à l’importance de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène pour la santé individuelle et publique et à travailler à les rendre accessibles à tous.

4.      L’hygiène, l’assainissement et l’eau (HAE) sont des déterminants essentiels de la santé  et les principales stratégies d’intervention pour réduire la morbidité, la mortalité et les soins de santé évitables coûtent cher. Le secteur de la santé, et notamment les médecins peuvent jouer un rôle clé pour assurer une bonne gestion de ces déterminants.

 

CONSIDÉRATIONS

5.      Les maladies véhiculées par l’eau sont responsables d’une bonne part de la mortalité et de la morbidité, en particulier dans les pays en voie de développement. Ces problèmes sont aggravés en périodes de catastrophes, qu’elles soient naturelles, comme les séismes, épidémies, sécheresses et inondations ou causées par l’homme, comme les conflits, accidents nucléaires ou pétroliers ou liés aux produits chimiques.

6.      Les modifications anthropogéniques des écosystèmes, la plus faible rétention des sols et la capacité limitée de la nature à filtrer les souillures présentes dans l’eau provoquent des dommages croissants à l’environnement naturel, notamment à l’environnement aquatique. La fracturation hydraulique pour la recherche de combustibles fossiles peut perturber considérablement les eaux souterraines en raison de l’accumulation de substances micropolluantes telles que les produits pharmaceutiques et les pesticides.

7.      La marchandisation de l’eau, lorsque celle-ci est fournie dans un but lucratif et non pas dans le cadre d’un service public, peut avoir des conséquences néfastes importantes sur l’accès à un approvisionnement correct en eau de boisson.

8.      La création d’infrastructures durables pour la fourniture d’eau potable et pour un bon assainissement contribue grandement à une bonne santé publique et au bien-être national. Diminuer les maladies infectieuses et d’autres pathologies provoquées par l’eau non potable réduit le fardeau des coûts de santé et améliore la productivité. Par ricochet, les économies nationales sont plus prospères.

9.      L’eau, ressource vitale et nécessaire à la vie, est devenue rare dans de nombreuses parties du monde. Elle doit donc être utilisée de manière raisonnable et avec parcimonie.

10.    L’eau et un assainissement efficace sont des atouts que partagent l’humanité et la terre. De ce fait, les questions tournant autour de l’eau devraient être traitées de manière collaborative par la communauté mondiale.

11.    L’eau, l’assainissement et l’hygiène sont essentiels pour la délivrance sûre et efficace des soins de santé et fondamentaux pour la santé publique.

 

RECOMMANDATIONS

12.    L’AMM encourage les associations médicales nationales, les autorités sanitaires et les médecins à soutenir toutes les mesures visant un meilleur accès à une eau potable et sûre et à des services de santé adéquats, et notamment :

12.1  les programmes nationaux et internationaux permettant d’assurer un accès immédiat gratuit ou à bas coût à l’eau potable pour tous les êtres humains et pour prévenir la pollution des sources d’approvisionnement en eau.

12.2  Les programmes internationaux, régionaux, nationaux et locaux pour assurer un accès à l’assainissement et prévenir la dégradation des ressources en eau.

12.3 Les recherches sur la relation entre la pollution de l’eau, les systèmes d’approvisionnement en eau, y compris le traitement des eaux usées, et la santé.

12.4  L’élaboration de plans pour fournir de l’eau potable et assurer un traitement correct des eaux usées dans les situations d’urgence. Ces plans seront fonction de la nature des urgences mais peuvent inclure une désinfection des eaux sur place, une identification des sources d’eau et un système d’alimentation électrique des pompes.

12.5  Les mesures préventives pour assurer l’accès à une eau potable, un assainissement et une hygiène sûrs et adaptés pour tous les centres de soins, y compris après des catastrophes naturelles, notamment des séismes. De telles mesures devraient comporter le développement d’infrastructures et de programmes de formation afin d’aider les établissements de soins à faire face à de telles crises. Des programmes d’approvisionnement constant en eau pendant des urgences devraient être mis en place en lien avec les autorités régionales et avec l’implication de la communauté.

12.6  Une meilleure utilisation des ressources en eau par chaque pays. L’AMM demande notamment aux hôpitaux et aux centres de santé d’étudier leur impact sur la pérennité des ressources en eau et de respecter les normes de sécurité les plus strictes en matière de mise au rebut des médicaments et des déchets médicaux des établissements de santé.

12.7  Les mesures préventives et une préparation aux urgences pour éviter une pollution de l’eau.

12.8  La promotion d’un accès universel à l’eau propre à un coût raisonnable et à l’assainissement en tant que droit humain[1] et bien commun de l’humanité.

12.9  Les informations sur le lien entre l’hygiène favorisée par le lavage des mains et la prévention des problèmes de santé, qui font partie des mesures de promotion de la santé et d’éducation à la santé et nécessitent le concours des gouvernements et des organisations de santé, notamment là où l’accès à l’eau a précédemment été trop restreint pour permettre aux personnes d’assurer une bonne hygiène.

12.10 L’établissement d’un système d’alarme en temps réel, accessible tant à la population locale qu’aux touristes et communiquant des informations sur les risques de contamination de l’eau dans différentes zones.

[1] En 2010 l’Assemblée générale des Nations unies et le Conseil des droits de l’homme ont explicitement reconnu le droit humain à l’eau et à l’assainissement, en lien avec le droit à un niveau de vie suffisant comme le stipule l’article 11 du Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels et d’autres traités internationaux sur les droits humains. Il fait donc partie du droit international des droits humains.

Assainissement, EAU, Eau potable, Environnement, Pollution

Résolution du Conseil de l’AMM sur la législation anti-LGBTQ en Ouganda

Adoptée par la 223ème session du Conseil de l’AMM, Nairobi, Keny...