Prise de Position de l’AMM sur l’aide fournie aux enfants des rues


Adoptée par la 66ème Assemblée Générale de l’AMM, Moscou, Russie, Octobre 2015

PREAMBULE

L’AMM reconnaît que la présence d’enfants dans les rues est inadmissible dans une société même si cette situation est difficilement inévitable dans de nombreux pays au monde.

L’AMM entend sensibiliser la société civile et médicale au rôle fondamental du contact médical pour améliorer la situation des enfants des rues. Dans ce contexte  le premier contact avec les enfants des rues doit reposer  sur la confiance. Le contact médical avec les autres professionnels de santé et les travailleurs sociaux doit donc être envisagé comme une première approche visant à resocialiser les enfants des rues en instaurant la confiance entre le médecin et l’enfant de la rue. Ensuite une approche davantage pluridisciplinaire et pluridimensionnelle peut suivre afin d’améliorer le bien-être des enfants des rues.

L’enfance et l’adolescence sont la période initiale d’un long processus de croissance physique, psychique, culturel et social.

La bonne santé de la jeunesse détermine la santé de la population de demain.

La jeunesse  contribue à la cohésion sociale et constitue l’une des richesses d’un pays.

Agir sur les déterminants sociaux de la santé est essentiel pour parvenir à l’équité en matière de santé ; les déterminants sociaux, aboutissant à l’apparition et au développement du phénomène des « enfants des rues », sont multiples et complexes.

Vivre dans les rues nuit à la santé de ces enfants, aussi bien en termes de risques sanitaires supplémentaires encourus que de non accès aux soins de santé et à la prévention ; les enfants des rues sont plus particulièrement vulnérables aux maladies graves et aux blessures traumatiques. De plus, les enfants des rues ne bénéficient pas de soins préventifs et de soins permanents car ils changent souvent de lieu.

La santé des enfants demeure critique et s’est encore dégradée du fait de la crise financière et économique mondiale qui entraîne des ruptures familiales, des soulèvements sociaux, un arrêt des soins de santé et une déscolarisation.

Les enfants sont victimes de discriminations liées au genre, à l’origine ethnique, à la langue, à la religion, à l’opinion politique, au handicap, au  statut social ou à la migration des populations ; les enfants des rues sont particulièrement vulnérables aux abus, à la violence, à l’exploitation, à l’instrumentalisation dont les trafics d’enfants.

L’enfant sans domicile fixe est souvent méconnu, tant sur le plan national qu’international car c’est une situation difficile à quantifier et à évaluer.

RECOMMANDATIONS

  1. L’AMM condamne fermement les violations des droits des enfants vivant dans la rue et les atteintes à ces droits, tout particulièrement la discrimination, et la stigmatisation et leur exposition aux abus, à la violence, à l’exploitation et à l’instrumentalisation dont le trafic des enfants.
  2. L’AMM en appelle aux gouvernements pour qu’ils étudient les facteurs amenant des enfants à vivre dans les rues et qu’ils travaillent à appliquer  toute la législation spécifique et les systèmes de protection pour   réduire les implications sanitaires pour ces enfants mis dans une telle situation. Les autorités nationales sont dans l’obligation de prendre en charge tous  les enfants et si nécessaire de les accompagner pour retrouver une vie normale.  Cela implique aussi de protéger ces enfants des risques sanitaires tels que les drogues, le sida, la cigarette et l’alcool.
  3. L’AMM en appelle aux gouvernements, aux associations médicales nationales et aux professionnels de santé pour qu’ils prennent davantage conscience de l’ampleur du phénomène, et qu’ils organisent des campagnes de prévention et de sensibilisation. Ces enfants doivent pouvoir accéder à toute l’étendue de la protection sanitaire et sociale nécessaire.
  4. L’AMM  demande à toutes les associations médicales nationales  de collaborer avec leurs homologues juridiques, gouvernements, professionnels de santé et autorités publiques afin de garantir les  droits fondamentaux des enfants, population particulièrement vulnérable  et donc  à protéger, notamment  l’accès aux soins et à l’éducation. Le  droit à l’alimentation et à un logement devrait être garanti et toute forme de discrimination ou d’exploitation doit être prohibée.
  5. L’AMM condamne toute évaluation abusive de l’âge recourant à  des investigations cliniques ou para cliniques insuffisamment  fiables. Les adolescents jusqu’à leur majorité doivent jouir de leur statut d’enfant mineur, tel que reconnu par la Convention internationale des droits de l’enfant des Nations Unies.
  6. L’AMM  exhorte les médecins à rester vigilants afin d’apporter tout le soutien nécessaire à une prise en charge adéquate et globale des « enfants des rues ». Les médecins doivent être conscients que l’absence de domicile fixe est un problème très répandu. Ils doivent savoir quelles sont les personnes sans domicile fixe dans leur propre patientèle; ils sont encouragés à rétablir une relation de confiance avec ces enfants et à s’impliquer dans les programmes d’aide sociale  et de défense.
  7. L’AMM affirme que tout devrait être mis en œuvre pour que tous les enfants, en particulier ceux sans domicile fixe accèdent à un environnement psychosocial adapté et équilibré, respectueux de leurs droits, dont celui à la santé.
Prise de position