Déclaration de l’AMM sur la Sécurité du Patient


Adoptée par la 53ème Assemblée générale de l’AMM, Washington, octobre 2002
Réaffirmée par la 191ème session du Conseil, Prague, République Tchèque, avril 2012
et révisée par la 73ème Assemblée générale de l’AMM, Berlin, Allemagne, octobre 2022

 

PRÉAMBULE

Les médecins s’efforcent de prodiguer aux patients des soins médicaux sûrs et de haute qualité.

Les progrès réalisés en médecine et dans les sciences et technologies connexes ont transformé la manière dont les soins médicaux sont assurés dans les systèmes de santé avancés et complexes.

Les risques inhérents à la médecine clinique n’ont cependant pas disparu. Les progrès de la médecine moderne réduisent souvent les risques, mais ils peuvent également les accroître ou en introduire de nouveaux, certains évitables d’autres non.

Les médecins et les organisations de soins de santé devraient essayer de prévoir ces risques et de les prendre en charge dans la mesure de leurs possibilités.

De nombreux services de santé sont aux prises avec une demande qui dépasse leurs capacités, une infrastructure inadaptée due au sous-investissement des gouvernements ou d’autres prestataires de soins de santé. La sécurité des patients est en danger lorsque les médecins travaillent dans des systèmes sous pression.

La sécurité du patient dépend également de la culture de travail dans laquelle évoluent les médecins. Dans de nombreux systèmes de santé prévaut une culture du blâme, dans laquelle on cible des personnes plutôt que d’examiner les causes organisationnelles plus larges des erreurs (comme les ressources limitées, les pénuries de main-d’œuvre ou les défaillances systémiques).

Par conséquent, de nombreux médecins craignent d’être injustement critiqués en cas d’erreur médicale pouvant avoir été causée ou aggravée par des facteurs systémiques et sont réticents à être honnêtes ou à exprimer leurs préoccupations.

Une culture de l’apprentissage sur le lieu de travail assure et améliore la sécurité du patient. L’adoption d’une approche culturelle juste et apprenante pourrait être un antidote aux cultures du blâme et de la peur.

Dans une culture d’apprentissage juste, le sujet de préoccupation est de savoir ce qui a provoqué l’incident qui a compromis la sécurité du patient, plutôt que de chercher à déterminer qui est l’éventuel responsable.

La régulation médicale et la peur des poursuites judiciaires peuvent également ébranler la capacité des médecins à parler librement de l’erreur médicale. Un système dans lequel les médecins ne se sentent pas encouragés à prendre la parole par peur d’être personnellement mis en cause compromet l’identification précoce des causes systémiques d’erreurs médicales ou de soins de piètre qualité et empêche la prise de mesures pour améliorer la sécurité du patient.

Le fait de travailler dans un système sous pression dans lequel prévaut une culture de la peur et du blâme peut éroder le bien-être des médecins. La qualité du travail de ces médecins peut s’en ressentir, voire conduire à l’erreur ou à des perspectives diminuées pour les patients.

L’amélioration du bien-être des médecins se répercute de manière significative sur la productivité, la qualité des soins, la sécurité des patients et la pérennité des services de santé.

La promotion de cultures positives sur les lieux de travail est essentielle pour réduire l’erreur médicale, améliorer le bien-être du médecin et assurer la sécurité du patient.

PRINCIPES

  1. Les médecins s’assurent que la sécurité du patient est toujours prise en compte dans leur décision médicale.
  2. Les personnes et les protocoles sont rarement les seuls responsables d’erreurs. Le plus probable est que des éléments séparés se combinent et créent ensemble une situation à haut risque. Il devrait donc exister une culture non punitive pour le signalement confidentiel d’erreurs médicales, qui se concentre sur la prévention et la correction des défaillances du système plutôt que sur la culpabilité de la personne ou de l’organisation.
  3. Une compréhension réaliste des risques inhérents à la médecine moderne exige que les médecins coopèrent avec toutes les parties prenantes, y compris les patients, pour adopter une approche proactive de la sécurité des patients.
  4. Pour créer une telle approche, les médecins doivent en permanence absorber une large gamme de connaissances scientifiques et s’efforcer d’améliorer continûment leur pratique de la médecine.
  5. Toutes les informations qui concernent la sécurité des patients doivent être communiquées aux patients et à l’ensemble des parties prenantes. Il n’en demeure pas moins que la vie privée des patients doive être strictement protégée.
  6. Les enquêtes sur les erreurs médicales et les incidents mettant en jeu la sécurité du patient devraient toujours commencer par un examen exhaustif de l’environnement de travail du médecin et par l’identification des facteurs et pressions systémiques qui pourraient avoir contribué à l’erreur ou à l’incident.
  7. Lorsque des facteurs systémiques se révèlent être en tout ou partie l’origine d’une erreur médicale, le jugement du ou des régulateurs ne devrait pas disculper le prestataire de soins.
  8. Les régulateurs des organisations prestataires de soins de santé doivent promouvoir et assurer la prévalence de cultures positives, justes et apprenantes sur les lieux de travail, au sein desquelles les médecins comme les patients se sentent soutenus et en mesure d’apprendre des évènements défavorables qui pourraient survenir.
  9. Il incombe également en partie à ces régulateurs d’identifier les contraintes systémiques et contextuelles qui pèsent sur la sécurité du patient, y compris le manque de ressources et d’infrastructures.

 

RECOMMANDATIONS

Reconnaissant l’importance des pressions systémiques, de la culture sur le lieu de travail, du bien-être du médecin et de la régulation des soins de santé pour la sécurité du patient, l’Association médicale mondiale recommande à ses membres constituants :

  1. de promouvoir des politiques relatives à la sécurité du patient auprès de tous les médecins de leur pays ;
  2. d’encourager les médecins, les autres professionnels de santé, les patients et les autres acteurs et organisations à travailler ensemble à la création de systèmes permettant d’assurer la sécurité du patient ;
  3. d’encourager l’élaboration de modèles efficaces afin de promouvoir la sécurité des patients par la formation médicale continue et le perfectionnement professionnel ;
  4. de coopérer les uns avec les autres et d’échanger des informations sur les évènements négatifs, notamment les erreurs, leurs solutions et les enseignements qu’ils ont pu en tirer afin d’améliorer la sécurité du patient ;
  5. d’exiger que les enquêtes relatives aux erreurs médicales et aux incidents mettant en jeu la sécurité du patient tiennent toujours compte des facteurs contextuels et systémiques ;
  6. d’exiger que les organisations prestataires de soins de santé favorisent une culture de l’apprentissage, du soutien et de l’amélioration propice à la sécurité du patient ;
  7. de travailler à instaurer un nouveau paradigme de régulation de la profession médicale pour encourager et favoriser la sécurité du patient ;
  8. de soutenir une régulation qui ait pour objectif d’éviter les erreurs médicales et de promouvoir les bonnes pratiques et l’apprentissage parmi les personnes et les organisations prestataires de soins ;
  9. de travailler à assurer que les établissements de soins disposent des ressources, des infrastructures et des effectifs nécessaires pour assurer la sécurité du patient.

 

Déclaration
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