Pour un rétablissement immédiat du Conseil central de l’Association médicale turque


En démettant de leurs fonctions électives onze éminents médecins qui faisaient partie du Conseil central de l’Association médicale turque (TMA), la plus importante organisation professionnelle de médecins du pays, les autorités nationales se sont rendues coupables d’une violation flagrante du droit international des droits humains et des normes éthiques, a déclaré aujourd’hui une coalition d’organisations médicales professionnelles.

Le 30 novembre dernier, un tribunal civil d’Ankara a arbitrairement démis de leurs fonctions ces experts médicaux indépendants pour avoir simplement assumé leurs responsabilités professionnelles et éthiques. Ces médecins doivent être rétablis dans leurs fonctions immédiatement.

DIGNITY, le Conseil international pour la réadaptation des victimes de la torture, le Comité permanent des médecins européens (CPME), Physicians for Human Rights et l’Association médicale mondiale exigent que les médecins ne soient pas punis pour avoir observé les obligations éthiques et le principe de neutralité médicale, qui s’imposent à eux. Nous appelons à la réintégration immédiate des membres du Conseil central de la TMA et à l’arrêt du harcèlement des membres de la TMA par le gouvernement.

Les membres de l’Association médicale turque subissent la persécution du gouvernement depuis longtemps. Ils ont subi des arrestations et des placements en détention arbitraires, des procès politiques et inéquitables, des perquisitions illégales, des démissions forcées arbitraires et des actes de diffamation. Au cours de manifestations pacifiques, réprimées dans la violence en 2013, ils ont courageusement traité toutes les personnes blessées sans discrimination, conformément aux principes internationaux de la neutralité médicale et de l’éthique médicale, ce qui leur a valu d’être également la cible de brutalités policières. De plus, il y a moins d’un an, la Présidente du Conseil central de la TMA, la Dre Şebnem Korur Fincancı, l’une des médecins les plus engagées en faveur des droits de l’homme dans son pays et une experte internationalement reconnue de la médecine légale, a été condamnée à près de trois ans d’emprisonnement après avoir été reconnue coupable de chefs d’accusation à motif politique.

Mais la démission forcée de membres élus du Conseil central de la TMA est une décision inédite depuis la création de l’association, il y a 70 ans.

Les personnes qui, avec la Dre Fincancı, ont été arbitrairement démises de leurs fonctions électives au sein du Conseil central de la TMA sont le second président, le Dr Ali İhsan Ökten, le secrétaire général, le Dr Vedat Bulut, et les Drs Nursel Şahin, Onur Naci Karahancı, Kazım Doğan Eroğulları, Alican Bahadır, Ahmet Karer Yurtdaş, Adalet Çıbık, Aydın Şirin et Lütfi Tiyekli. Ils ont quinze jours pour interjeter appel à partir du moment où le tribunal rendra son jugement écrit, ce qu’il n’a pas encore fait.

Entraver de la sorte le travail de médecins n’est pas seulement illégal et contraire à l’éthique, c’est également dangereux. Cette décision de justice visant à décapiter la TMA met en péril l’accès de milliers de personnes à des soins de santé éthiques, à l’heure où plus de cent médecins ont été tués dans le tremblement de terre de février dernier et où les urgences médicales ont été mises à rude épreuve.