L’AMM défend l’autogouvernance des médecins, soumise aux attaques des gouvernements


L’Association Médicale Mondiale exprime son inquiétude quant à la façon dont les gouvernements cherchent à interférer sur les instances d’autogouvernance des médecins.

Parmi ces messages, on relève les tentatives du gouvernement slovaque visant à neutraliser le syndicat des médecins, une loi polonaise sur la responsabilité financière des médecins en cas de déficits de la sécurité sociale polonaise. L’AMM s’est fortement opposée à ce qu’elle considère comme l’exemple le plus grave à savoir   la tentative du gouvernement turque de défaire l’Association Médicale Turque de ses fonctions et de son rôle.

Dans un courrier à ses Associations Médicales Nationales  intitulé « Remise en cause de l’auto gouvernance des médecins en Turquie », le Secrétaire Général de l’AMM, Dr. Otmar Kloiber, fait savoir que l’Association Médicale Turque a demandé l’aide de l’AMM pour résister au démantèlement de ses fonctions par le gouvernement turque.
L’Association Médicale Turque a  informé l’AMM par courrier que sous l’effet d’un décret du gouvernement turc adopté en novembre, elle avait été spoliée de bon nombre de ses fonctions, notamment celle visant à assurer l’exercice et la promotion de la profession médicale  en adéquation avec le bien-être et les intérêts de la collectivité et des individus.

Le décret s’est accompagné de la création d’un nouveau bureau des professions médicales. Le Ministre de la santé est en droit d’y appointer la plus grande partie des membres. Ce bureau s’est vu attribuer de nombreux pouvoirs jusqu’alors détenus par l’Association Médicale dont celui de donner son avis sur le cursus universitaire et la formation médicale, sur l’embauche et les questions éthiques, d’enquêter sur les accusations de violation de l’éthique par les médecins et d’appliquer des sanctions disciplinaires.

De plus, le Ministre de la Santé polonais a maintenant la possibilité d’interférer sur l’autonomie académique et la liberté scientifique de l’enseignement supérieur et sur les questions d’accréditation.

L’Association Médicale Turque ajoute dans son courrier : « Le fait de publier un décret ayant force de loi, de manière non constitutionnelle, sans tenir compte de l’autorité du corps législatif est préoccupant quant à la tendance totalitaire du gouvernement, incompatible avec la notion de démocratie.

« Les amendements aux statuts de l’Association Médicale Turque et des autres organisations professionnelles ainsi que les nouvelles dispositions concernant les établissements d’enseignement supérieur dans le domaine de la santé et de la médecine visent à intimider et à éliminer la pression collective exercée par les organisations professionnelles et les académies qui ne sont pas d’accord avec les politiques gouvernementales actuelles. »

Dr. Mukesh Haikerwal, Président du Conseil de l’AMM, a déclaré : « Les gouvernements qui tentent de mettre à mal la liberté des instances d’autogouvernance des médecins risquent de nuire à l’accès aux soins des patients, basé sur des besoins cliniques. En imposant un plus grand contrôle de l’état, ils restreignent l’indépendance des décisions cliniques et l’autodétermination basée sur  les besoins des patients. »

Dr. Kloiber a déclaré que l’AMM discutait actuellement avec l’Association Médicale Turque sur la meilleure façon de la soutenir dans le combat qu’elle mène pour son indépendance et sa fonction de régulation de la profession.