L’AMM condamne l’emploi d’armes létales contre les médecins et les manifestants soudanais


L’Association médicale mondiale (AMM) condamne avec la plus grande fermeté l’emploi de la violence et notamment d’armes létales contre les opposants et les médecins au cours des récentes manifestations qui ont eu lieu au Soudan.

Ces manifestations pacifiques visaient à protester contre l’effondrement du secteur public. Des médecins dénoncent la dégradation du système de santé et de leurs conditions de travail.

Ils se sont d’ailleurs mis plusieurs fois en grève pour alerter sur cette situation, qui ne leur permet plus d’assurer leur mission de dispenser les soins adéquats à leurs patients et de sauver des vies.

Le Président de l’AMM, le Dr Leonid Eidelman a adressé au Président du Soudan un courrier rédigé en ces termes : « Nous ne pouvons que déplorer que du personnel soignant et des établissements de santé aient été pris pour cible lors d’attaques menées par les forces de sécurité. Plutôt que d’ouvrir un dialogue constructif avec les professionnels de santé et les acteurs concernés pour entendre leurs revendications, l’usage de la répression, en empêchant les médecins d’exercer, viole leur droit à travailler. Des millions de personnes sont ainsi privées d’accès aux soins de santé par la répression. Le système de santé s’en trouve d’autant plus affaibli, de même que les services publics et par voie de conséquence l’ensemble de l’économie du pays. »

Il a ajouté : « Nous sommes consternés par la violence de la répression perpétrée par les forces de sécurité soudanaises contre les manifestants. Différentes sources fiables d’informations font état “d’assauts mortels” contre les manifestants et affirment que les forces de sécurité ont ouvert le feu contre ces opposants. On a appris les décès d’un médecin, d’un civil et d’un enfant, qui ont succombé aux blessures qui leur ont été infligées par balles au cours de manifestations à Khartoum plus tôt ce mois-ci. »

L’AMM exhorte les autorités soudanaises à reprendre immédiatement le contrôle des forces de sécurité pour assurer qu’elles cessent d’employer la violence contre les manifestants et de prendre pour cibles le personnel soignant, les patients et les établissements de santé. L’AMM engage en outre les dirigeants du Soudan à diligenter une enquête indépendante et impartiale sur l’utilisation de la violence afin de traduire en justice les membres des forces de sécurité qui ont brutalisé les manifestants et d’autres citoyens.

Le Dr Eidelman a enfin appelé les autorités à ouvrir un dialogue avec les médecins au sujet de leurs revendications afin de traiter les causes de la crise économique qui a conduit la population dans la rue.