L’AMM exhorte l’Iran à arrêter de priver les prisonniers de soins médicaux


L’AMM ainsi que d’autres organisations d’éthique médicale et de défense des droits humains ont conjuré les autorités iraniennes d’arrêter d’utiliser la privation de soins médicaux comme sanction contre les prisonniers politiques détenus à la prison de Raja’i Shahr.

Dans une lettre conjointe adressée à l’ayatollah Sadegh Larijani, responsable des autorités judiciaires de Téhéran, le président de l’AMM, le Dr Ketan Desai a fait état de l’indifférence délibérée du personnel pénitentiaire à l’égard de l’état de santé des prisonniers, de son refus de transférer les prisonniers se trouvant dans un état critique vers des hôpitaux hors de la prison, des longues périodes sans eau chaude pour se laver, du manque d’espace, de la mauvaise ventilation, des conditions sanitaires déplorables, des infestations d’insectes à proximité des cuisines, du manque de matériel de nettoyage et des maigres rations d’une nourriture médiocre. Il semble que ces conditions de détention soient à l’origine des infections et des différentes maladies dermatologiques et respiratoires des détenus.

Le Dr Desai, ainsi que d’autres signataires de la lettre, membres de la Fédération internationale des organisations de santé et de défense des droits humains, du Comité permanent des médecins européens et du Conseil international pour la réadaptation des victimes de la torture, ont également réprouvé le comportement des gardiens, qui infligent aux prisonniers politiques coups, insultes et harcèlement sexuel, notamment durant leurs trajets entre l’hôpital et le tribunal.

La lettre poursuit : « Nous sommes extrêmement préoccupés par cette situation d’entrave à l’accès à des soins de santé adéquats. Le droit et les normes internationaux reconnaissent pourtant l’accès à des soins de santé adaptés comme un droit humain qui ne doit pas être restreint par la détention. La privation de soins médicaux constitue un mauvais traitement, voire une forme de torture ou de traitement inhumain et dégradant et à ce titre est condamnée sans ambiguïté par le droit international des droits humains.

Les signataires rappellent à la République d’Iran qu’elle a ratifié des conventions et des règlements internationaux qui garantissent le « droit de toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible » et portent l’engagement suivant : « les détenus doivent recevoir des soins de même qualité que ceux disponibles dans la société et avoir accès aux services nécessaires sans frais et sans discrimination fondée sur leur statut juridique ».

Le Dr Desai et ses collègues appellent les autorités iraniennes à arrêter de priver les détenus de soins médicaux, à protéger les prisonniers de la torture et de tout mauvais traitement, à assurer qu’ils soient traités avec humanité et à autoriser les visites d’inspection.

Enfin, ils exhortent l’Iran à assurer que les décisions médicales sur les soins hors de la prison et la nécessité de relâcher une personne pour raisons médicales ne soient prises que par des professionnels de santé et ne puissent être rejetées ou ignorées par des autorités non médicales.